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Québec Libre: Gramme par Gramme
Saving Canada with Gold Grams (original English language version) Introduction En donnant lallocution Godkin de la Kennedy School of Government à Harvard University cette année, le président de luniversité, Lawrence H. Summers, défend le libre échange et la mondialisation tout en se plaignant que trop de gens autant dans le gouvernement quà lextérieur «...ont léconomie mercantile gravée dans la mémoire.» Voir Globalization Defended, Harvard Magazine (July-August 2003), p. 75. Le libre échange est fondé sur le principe des avantages comparatifs énoncés par léconomiste classique David Ricardo, qui repose sur des taux déchange fixes entre des monnaies en espèces, non pas des taux de change flottants entre monnaies de papier sans limites -- une préférence apparemment gravée dans la mémoire de la plupart des économistes modernes, y compris lancien Secrétaire au Trésor américain.
Après la Seconde Guerre Mondiale, les accords de Bretton Woods ont établi un système déchange à taux fixe lié au dollar É.U., qui était convertible en or à $35/once sur demande des banques centrales étrangères. Le système sest effondré en 1971 en raison de laccumulation excessive de dollars outre-mer venant dabus que le Général de Gaulle appelait un «privilège exorbitant», soit le fait que les États-Unis puissent régler le déficit de leur balance commerciale avec leur propre monnaie, en faisant un «déficit sans larmes» comme le disait Jacques Rueff, son conseiller monétaire.
Avec les applaudissements de la plupart des économistes, le système de Bretton Woods a été remplacé en 1973 par le présent régime des taux de change flottants sans lien entre les monnaies ou avec lor. Répondant mieux aux politiques des taux dintérêts des banques centrales, à la circulation des capitaux spéculatifs, et aux interventions officielles dans les marchés quaux surplus commerciaux réels et à la parité du pouvoir dachat, ces taux flottants -- fréquemment giratoires -- ont seulement compliqué et perturbé le libre échange. Mais il reste à voir sils peuvent fonctionner ou même survivre à la mondialisation. Lusage illimité de papier monnaie mondialement est un phénomène très récent; tandis que les monnaies mondialement reconnues -- premièrement largent, puis lor -- ont existé pendant des siècles.
La même technologie responsable de la mondialisation facilite lusage de lor comme monnaie, non seulement en éliminant plusieurs inconvénients pratiques des anciennes pièces dor, mais en rendant lopération complètement fondée sur le principe du cautionnement de réserves au moins aussi économique que le système fractionnaire des réserves utilisé par les banques fondé sur le crédit. Linformatique et lInternet ont créé un monde où lor peut servir directement comme monnaie sans lassistance du gouvernement ou des banques. Ainsi létalon-or, qui n'a jamais été une «relique barbare» comme disait Lord Keynes, pourrait finalement devenir une véritable relique par le progrès technologique.
Pendant que ce nouveau monde fait de monnaie dor promet dêtre semblable au merveilleux 19e siècle de létalon-or plutôt quau 20e siècle du chaos monétaire, la transition sera difficile, en particulier pour les gouvernements qui ont fait des déficits et de la gestion des taux de change leur mode de vie, ou qui ont permis que leurs réserves officielles soient sur-pondérées en dollars et sous-pondérées en or. Parmi les nations du G-7, le Canada fait face au plus grand défi parce quen plus dêtre en mauvaise posture sur ces points, il na pas résolu les désaccords constitutionnels pour donner une place juste au Québec, la deuxième province en importance comme producteur dor, dans la confédération.
1. Impérialisme du Dollar É.U. [U.S. Dollar Imperialism] Ce qui passe pour un système monétaire international aujourdhui nest ni plus ni moins quun programme de recyclage du dollar (É.U.) qui laisse les consommateurs américains avec plus que leur part équitable des marchandises mondiales et les banques centrales étrangères avec la majeure partie des surplus de dollars. Pire, le système apparaît incapable de séquilibrer. Avec lescalade de la dette et du déficit des É.U., ainsi va la réserve de dollar à létranger. Ceux-ci approchent maintenant $1 billion, incluant presque $750 milliards de dettes du Trésor É.U. ($100 milliards supérieurs aux avoirs de la Réserve fédérale É.U.), et $200 milliards en obligations des agences fédérales. Voir $1 trillion catch basin, Grant's Interest Rate Observer (June 20, 2003), p. 1.
Le surplus de dollars produit par les surplus commerciaux avec les États-Unis reflète les exportations qui font fonctionné les économies de nombreux partenaires commerciaux, ce qui les rend réticents à convertir ces surplus en monnaies locales et à risquer détouffer la prospérité généré par les exportations en redressant les taux de change. Voir Richard Duncan, The Dollar Crisis (John Wiley & Sons (Asia), 2003), pp. 90-119. Dun autre côté, en gardant un surplus de dollar (É.U.), les banques centrales étrangères monnayent la dette du gouvernement américain de la même manière que la Réserve fédérale (É.U.). Sans restriction, ce processus menace de détruire la valeur du dollar -- et les réserves de dollars à létranger -- à travers linflation.
Comme cela est indiqué dans Gibson's Paradox Revisited: Professor Summers Analyzes Gold Prices, deux siècles de données historiques démontrent quen labsence dintervention gouvernementale, la valeur de lor varie inversement aux taux dintérêt à long terme. Sous létalon-or, la valeur de lor était réciproque au niveau général des prix puisque le prix de lor était constant. Dans un marché de lor libre, la valeur de lor est déterminée par son prix. Ainsi, exception faite des occasions où les interventions officielles suppriment les forces du libre échange, un faible taux de rendement nominal des obligations et de linflation tel que mesuré par lindice des prix aux consommateurs ne devrait pas être compatible avec un faible prix de lor. Ou bien le taux des rendements obligataires doit augmenter sans doute avec les taux nominaux (bancaires) et en plus la dé-inflation ou même la déflation, ou le prix de lor doit augmenter.
Le 15 juin 2003, dans son rapport économique semi-annuel, le directeur de la Fed Alan Greenspan assure que la Réserve fédérale américaine « est prête à garder une position très accommodante dans sa politique aussi longtemps que nécessaire pour atteindre un retour à une performance économique satisfaisante.» Répondant aux implications inflationnistes de cette déclaration avec le déficit record du budget fédéral à venir, les prix étalons des Notes du Trésor à échéance de 10 ans et des défuntes obligations du Trésors à échéance de 30 ans sont immédiatement tombés, propulsant à la hausse leur taux de rendements et provoquant la chute des marchés obligataires la plus grave de la dernière décennie. Voir, e.g., D. Chapman, Bond Massacre!, SafeHaven (July 30, 2003).
Toutefois, particulièrement dans un environnement économique mondial marqué par une croissance sous la normale, des taux dintérêts à court terme peu élevés aux États-Unis mettent la pression sur ces principaux partenaires commerciaux et les autres pays aussi pour les suivre avec de bas taux dintérêt sinon leurs monnaies sapprécient de manière indésirable. En effet, même un pays avec une longue tradition de monnaie fiable comme la Suisse ny est pas immune. Voir G.T. Sims, Swiss Central Bank Leaves Itself With Limited Room to Maneuver, The Wall Street Journal (August 11, 2003), p. A2.
En 2002, selon les statistiques déchanges commerciaux publiées par le Bureau du Recensement des É.U., les exportations du Canada aux États-Unis sélevaient à presque $210 milliards contre des importations juste au-dessus de $160 milliards, laissant au Canada pour la troisième année consécutive un surplus commercial denviron $50 milliards du plus grand échange commercial bilatéral au monde. Ainsi, il n'a peut-être pas été si étonnant comme certains le prétendent que le jour du témoignage de M. Greenspan au Congrès Américain, la Banque du Canada a baissé son taux dintérêt, occasionnant la chute marquée de la monnaie canadienne contre la monnaie américaine. Voir e.g., B. Little, This central bank sure likes surprises, The Globe and Mail (July 16, 2003).
Étant en manque de «dollar (américain) fort» dont M. Summers est larchitecte principal, plusieurs pays -- le Canada en tête -- sont maintenant dépendants de taux de change qui ne reflètent pas le plein pouvoir dachat de leurs propres devises. Mais «mendier auprès du voisin» aujourdhui veut dire quil faudra «mendier auprès de soi-même» demain, alors que la devise américaine conduit toutes les devises de papier dans une course folle pour prouver encore une fois aujourdhui que la citation suivante attribuée à Voltaire dit vrai: «Largent de papier retourne éventuellement à sa valeur intrinsèque -- zéro.» (Note: Une recherche diligente na pas permis de trouver la source exacte de cette citation.)
2. Terre du Huard ($1) et du Polar ($2) [Looney-Tooney Land] Les dollars canadiens et américains ont le même ancêtre: la pièce de dollar espagnol qui circulait largement en Amérique du Nord avant la Révolution américaine. Toutefois, lère des devises de papier illimitées témoigne dune divergence marquée des Canadiens et des Américains pour la forme physique de leur dollar respectif. Les Américains nont jamais imprimé de billet de deux dollars et ils résistent à la pièce dun dollar, le Susan B. Anthony. Ils préfèrent de loin leur billet vert avec le portrait de George Washington. Par contre, les Canadiens ont reçu la pièce dun dollar, le Huard, avec suffisamment denthousiasme pour assurer lusage de la pièce de deux dollars, le Polar, et ceci a permis de retirer tous les billets de un et deux dollars.
Les mines dor ont joué un rôle important dans le développement économique du Canada. Voir e.g., A. Hoffman, Free Gold: The Story of Canadian Mining (McGraw-Hill, édition originale en 1947, publié à nouveau en 1982). Aujourdhui, le Canada est le septième producteur dor au monde, produisant approximativement 150 tonnes métriques dor nouvellement sorties des mines annuellement, majoritairement en Ontario, au Québec et en Colombie Britannique, tel quindiqué par le graphique ci-dessous, qui a été préparé avec des données de Statistiques Canada, Statistiques Minérales et dExploration de lOntario, et du Ministère Énergie et Ressources du Québec. La production à Hemlo a commencé en 1985.
Bien que les mines dor ne soient plus aussi importantes quautrefois pour léconomie canadienne, elles sont un facteur dans les économies locales de plusieurs communautés rurales qui ont souffert du prix de lor relativement bas à cause des banques centrales. Voir M. Murenbeeld & Assoc., The Impact of Central Bank Gold Sales on the Canadian Gold Mining Industry (May 7, 2003); An Analysis of Central Bank Gold Sales and Its Impact on the Gold Mining Industry in Canada (May 2002). Il est toutefois surprenant quau lieu de modérer limpact de la vente dor par les banques centrales sur le prix de lor, le Canada ait choisi de vendre plus dor et plus tôt que tous les autres pays industrialisés.
En utilisant les données du Fonds Monétaire International (FMI) dans la série sur les Statistiques Financières Internationales, le tableau suivant montre les réserves dor officielles de divers pays à la fin de 1985, 1993 et 2002. Le Canada a vendu 437 tonnes dor de 1986 à 1993, réduisant ses réserves en or de 625 tonnes à la fin de 1985 à moins de 190 tonnes au début de 1994, quand il a cédé de 67 tonnes additionnelles. Ayant vendu en moyenne 13 tonnes par année depuis, le Canada est le seul pays au monde représentant une force économique majeure qui a virtuellement éliminé ses réserves en or.
Réserves en Or rapporté au Fonds Monétaire International (millions donces sauf indication contraire) Pays fin-1985 fin-1993 fin-2002 Canada (onces) 20.11 6.05 0.60 (tonnes) 625 188 18.6 Autres Pays du G-7 États-Unis 262.65 261.79 262.00 France 81.85 81.85 97.25* Allemagne 95.18 95.18 110.79* Italie 66.67 66.67 78.83* Japon 24.23 24.23 24.60 Grande Bretagne 19.03 18.45 10.09 Autres Pays de lEuro Autriche 21.14 18.60 10.21 Belgique 34.18 25.04 8.29 Hollande 43.94 35.05 27.38 Portugal 20.23 16.06 19.03 Suisse 83.28 83.28 61.62 Autres Émergents Chine(Continentale)12.70 12.70 16.10 Inde 9.40 11.46 11.50 Russie n/a 10.20 13.60 Autres Pays Producteurs Australie 7.93 7.90 2.56 Afrique du Sud 4.84 4.76 5.58 Tous les pays** (onces) 951.61 919.30 930.57 (tonnes) 29,599 28,594 28,945 *Les augmentations représentent la différence entre lor retourné par lInstitut Monétaire Européen et lor transféré à la Banque Centrale Européen. **Exclu lor tenu par le Fond Monétaire International et la Banque des Règlements Internationaux, et avant 1998, lInstitut Monétaire Européen.
Le tableau révèle quelques points notables. Premièrement, les trois «Autres Pays de lEuro» qui ont vendu une part significative de leurs réserves dor aussi grande ou plus grande que le Canada nont plus à essayer de supporter une monnaie nationale. Deuxièmement, non seulement la Chine et la Russie ont augmenté modestement leur réserves en or, mais il y a des raisons de croire que la Chine a des réserves dor additionnelles non-rapportées. De plus, en ajoutant 3,4 millions onces en 2001 après avoir rapporté 12,7 millions onces chaque année de 1981 jusquen 2000, la Chine signale peut-être un point de vue positif pour que lor joue un rôle dans le système financier international. Voir, e.g., Focus: China's gold rush, China Daily (September 25, 2003).
Une enquête diligente mené lan dernier par un citoyen canadien intéressé n'a pas pu extraire du gouvernement canadien une explication pour la vente de ses réserves dor. Voir E. Steer, When Irish Eyes Are Smiling, LeMetropoleCafe (November 13, 2002). Le gouvernement minoritaire de Joe Clark est tombé avant davoir lopportunité de mettre en uvre un plan annoncé en décembre 1979 pour vendre de lor pour diversifier les réserves monétaires officielles du Canada. Cette idée avait un sens à ce moment-là, en particulier en raison du prix élevé de lor en 1980. Toutefois, diversifier les réserves monétaires est une chose; éliminer les réserves en or en est une autre.
Bien que la Banque du Canada ait produit un rapport complet pour justifier le traitement de lor venu doutre-mer durant la Seconde Guerre Mondiale et quelle ait aussi produit obligatoirement les données sur la vente dor depuis 1985, elle dirige toutes les requêtes à propos de cette vente au Ministère des Finances du gouvernement fédéral. Il suffit de dire que dans ce cas, en dépit de mois defforts pour aboutir à la fin au bureau de la «gestion de risque», M. Steer sest heurté au mur proverbial. Toutefois, il a obtenu des aveux intrigants:
[TRADUCTION] Mais dans les secondes agonisantes de la dernière conversation téléphonique avec le bureau de la «gestion de risque», la personne avec qui je parlais a laissé tomber une véritable bombe! Nous avions parlé deux fois avant et il était un véritable chic type, décent et honorable. Voici ce que je me souviens quil ma dit: «Et bien Ed, vous nêtes peut-être pas heureux des réponses que vous avez eues, mais je peux vous dire que vos requêtes pour savoir ce qui est arrivé à lor du Canada ont déclenché les alarmes au Ministère des Finances. Il y a deux choses auxquelles le Ministère est extrêmement sensible, et cela en est une.» Sil ne mavait pas dit cela, le présent article naurait jamais été écrit. [Emphase ajoutée.]
En labsence dune explication officielle, M. Steer offre sa propre théorie fascinante pour expliquer les ventes dor du Canada et il invite les autres à en faire autant. Il suggère quau «Sommet de Shamrock» au Québec en 1985, Ronald Reagan a obtenu de Brian Mulroney son appui pour un plan pour ruiner la vieille Union Soviétique en faisant tomber les prix du pétrole et de lor, ses deux principales sources de devises étrangères. En se fondant sur cette hypothèse, la vente dor du Canada serait le héros inconnu faisant une contribution importante pour gagner la Guerre Froide, sans compter que cela aurait leffet additionnel de polir la pauvre image de M. Mulroney auprès des autres dirigeants mondiaux.
Les réserves dor du Canada étaient plutôt modestes comparativement aux États-Unis et aux autres puissances occidentales. En admettant lexistence dun tel plan, et comme M. Steer pense lui-même, il semble plutôt improbable que le Canada reçoive une proposition ou quil ait été daccord pour porter le fardeau de la vente dor tout seul. En dautres occasions daccords internationaux coordonnés pour contrôler le prix de lor, par exemple, le Pool dOr de Londres de 1961 à 1968, on na pas fait porter le fardeau de la tâche sur un seul pays. De plus, en refusant dappuyer linitiative défensive de la «Guerre des Étoiles» de M. Reagan, le gouvernement Mulroney laissait passer une occasion beaucoup moins coûteuse et plus efficace de mettre des pressions sur les finances de lUnion Soviétique qui, en toute éventualité, sest effondrée avant que les ventes dor du Canada ne saccélèrent en 1992.
Les pays ne cédent pas une grande partie de leur réserves dor à la légère. Plus souvent quautrement, même les ventes dor apparemment entreprises pour diversifier les réserves officielles sont en fait motivées par des raisons concernant des intérêts dimportance nationale ou de survie nationale. Comme premier ministre de 1984 à 1993, M. Mulroney a été confronté à deux problèmes denvergure historique qui aurait pu justifier la vente dor si cela pouvait procurer une solution: convenir dun accord de libre échange avec les États-Unis et surmonter le problème constitutionnel posé par le mouvement séparatiste du Québec.
3. Libre Échange à Prix dOr? [Free Gold for Free Trade?] Peu après avoir pris le pouvoir, M. Mulroney sest attelé à la tâche de réaliser ses promesses électorales de «rapprochement» des relations canadiennes-américaines, qui sétaient sérieusement détériorées sous son prédécesseur, Pierre Eliot Trudeau. Voir e.g., K.R. Nossal, The Mulroney Years: Transformation and Tumult, Policy Options (June-July 2003). Le nouveau premier ministre, en dépit de son opposition antérieure à laccord de libre échange, sest engagé avec son gouvernement dans la campagne qui a culminé avec lAccord de Libre Échange entre le Canada et les États-Unis (signé le 2 janvier 1988; entré en application le 1er janvier 1989) et plus tard lAccord de Libre Échange dAmérique du Nord (effectif le 1er janvier 1994).
Le gouvernement canadien a nommé son responsable des négociations en novembre 1985, et les négociations avec le représentant des É.U. ont commencé en mai 1986 à Ottawa. Mais un an plus tard, les négociations navançaient plus et lappui des Américains pour un accord diminuant, laboutissement demeurait en doute. Alors, comme Michael Hart le rapporte dans son A History of Canada-US Free Trade (Conférence 1999, partition 8):
[TRADUCTION] Les experts et les pessimistes dans les deux pays ont toutefois eu tort. Le gouvernement canadien a maintenu le cap, déterminé quil devait obtenir un accord. Aussi surprenant, autant ladministration des É.U. que le Congrès ont démontré quils étaient prêt à régler les points fortement en litige pour regarder vers lavenir plutôt que vers le passé. Dans une série dévènements dramatiques durant lautomne 1987, les dirigeants politiques des deux côtés ont concocté une entente satisfaisante qui avait éludé les négociateurs professionnels jusque là.
Laffaire Iran/Contra a éclaté en public à lautomne 1986, propulsant une forte hausse du prix de lor qui a été contrée par de fortes ventes soutenues sur le marché des biens marchands (COMEX) à New York autant que des indications dintervention dans le marché aurifère par le Fonds de Stabilisation des Échanges des É.U. (ESF). Voir Complaint (la plainte), paragraphes 49 et 63. Le crash boursier doctobre 1987 a donné une nouvelle impulsion au prix de lor qui a déclenché plus de ventes officielles.
Le gouvernement des É.U. est toujours sensible aux augmentations du prix de lor dampleur suffisante pour avoir un impact négatif sur le dollar américain. Le prix de lor est monté de $300 É.U./once en janvier 1985 à $500 en décembre 1987 avant de se rabattre à $360 à lautomne 1989 pour clore lannée juste au-dessus de $400. À la lumière des évènements extraordinaires accompagnant la montée à $500, la vente dor canadien qui a été initiée durant cette période doit avoir été une bonne nouvelle pour ladministration Reagan.
Que ces ventes ou les ventes postérieures aient un rapport direct ou indirect avec le vif désir du gouvernement canadien dobtenir un accord général de commerce avec les États-Unis demeure une conjoncture dans létat actuel des faits connus. Toutefois, ce qui ne laisse aucun doute, même si cela napparaît évident que vers le milieu de la décennie 1990-2000, cest quen général le libre échange avec les États-Unis a transformé léconomie canadienne et substantiellement augmenté la richesse des Canadiens. Vu sous cet angle, si le quid pro quo pour laccord de libre échange était 125 tonnes de réserves dor vendu de 1986 à 1989, plusieurs sinon la majorité des Canadiens auraient probablement considéré que cest du bon argent bien dépensé.
Le graphique suivant montre la croissance importante du surplus de la balance commerciale du Canada et de ses réserves de devises étrangères depuis 1989. Il illustre aussi que si la vente dor du Canada a été significative jusquà ce point, elle peut aussi vraisemblablement se justifier uniquement sur la base de la diversification des réserves officielles. Toutefois, le graphique montre aussi quà la fin de 1989, la vente dor du Canada venait juste de commencer une longue pente qui saccentue de 1991 à 1995 avant de sadoucir en approchant de zéro où elle se trouve aujourdhui. (Note: Un communiqué de presse du Ministère des Finance, les réserves en or du Canada sétablissaient autour de 175 000 onces au 31 août 2003.)
4. Nous les Politiciens [We the Politicians] Si les documents que comporte la Constitution canadienne étaient intégré en un seul document en accord avec la tradition constitutionnelle américaine, elle serait écrite dans les deux langues officielles et la version française commencerait comme suit: «Nous, le peuple du Canada, dans le but de former une Confédération améliorée .» Mais aujourdhui, si un tel document était rédigé avec candeur, il commencerait par: «Nous, les politiciens du Canada . .» De plus, si les procédures de ratification originale gouvernant la Constitution américaine devait sappliquer, la Constitution canadienne telle que modifiée en 1982 demeurerait inapplicable au Québec jusquà son approbation par un vote suivant un accord proposé dans ce but ou son équivalent.
Contrairement aux États-Unis, le Canada est la patrie de plusieurs peuples, à savoir les autochtones et les deux peuples fondateurs: les Anglais ou anglophones (les anglos) groupés dans le Haut Canada (Ontario) et les Français ou francophones qui occupent le Bas Canada (Québec, originalement la Nouvelle France). Le Québec est passé du régime français au régime britannique par le Traité de Paris en 1763 suivant la subjugation complète des forces françaises après la cuisante défaite des Plaines dAbraham à lextérieure de la ville fortifiée de Québec en 1759.
En 1774, confronté au défi de gouverner le Québec essentiellement peuplé de Français catholiques alors même que les colonies américaines manifestaient des tendances décidément rebelles, le Parlement britannique a passé lActe de Québec qui a reconnu le rôle important de léglise catholique dans la province et a laissé en place le code civil français. Il en est résulté que la vie quotidienne dans lancienne Nouvelle France a continué pas mal comme avant la conquête, et tout plan à court terme pour tenter dassimiler la population au mode de vie britannique a été suspendu.
Québec a ainsi été lancé sur une trajectoire politique qui en a fait à la fois une province unique dans le Canada et une entité avec une culture et une politique uniques en Amérique du Nord. Pour consulter une collection de matériel dans les deux langues officielles sur lhistoire du Québec, voir Quebec History (Internet Project, Marianopolis College, Montreal).
Dans la plupart des livres dhistoire, la «Nuit des longs couteaux» est une phrase quHitler a emprunté dune chanson populaire allemande pour décrire les purges effectuées sous ses ordres la nuit du 30 juin 1934. Au Québec, La nuit des longs couteaux signifie la nuit du 4-5 novembre 1981, quand les premiers ministres de sept provinces anglophones ont conclu un accord avec le gouvernement Trudeau pour le «rapatriement» de la Constitution canadienne de la Grande Bretagne, mais ils ont agi sans en informer le premier ministre du Québec et leader du Parti Québécois, René Lévesque, soi-disant en violation dun accord antérieur entre les huit premiers ministres provinciaux -- la Gang des Huit -- pour agir de concert seulement.
La version de M. Trudeau de cette nuit est bien différente, mais peu importe ce qui est réellement arrivé, cet événement a empoisonné les relations du Québec avec le reste du Canada depuis ce temps. Bien que M. Lévesque ait pu faire des erreurs ou des erreurs de jugement dans ces ententes avec les autres premiers ministres, M. Trudeau a été sans aucun doute encouragé par les résultats du référendum sur la souveraineté en 1980, quand 60% de lélectorat se sont opposés à la proposition de souveraineté avec une association économique dans le Canada.
À la fin, toutes oppositions légales du Québec au rapatriement de la constitution ont été rejetées. Cest pourquoi, lActe du Canada de 1982 tel que rapatrié avec le consentement de neuf provinces sur dix, a force de loi dans tout le Canada en tant que nouvelle constitution. Toutefois, il manque de légitimité au Québec, où il est largement perçu comme ayant été imposé sur le peuple fondateur premier arrivé au «Kanata». En essayant dunir tous les peuples du Canada sous la nouvelle constitution, les politiciens ont plutôt approfondi la division entre les peuples fondateurs, et ouvert danciennes plaies jusquau moment de la conquête, et ils ont défini les conditions pour les différends constitutionnels à venir qui mettent en péril la nation elle-même.
En résumé, le rapatriement a retenu lActe de lAmérique du Nord britannique (renommé la Loi constitutionnelle de 1867) auquel Québec avait consenti, tandis quen même temps on ajoutait la Loi constitutionnelle de 1982. Les clauses les plus importantes incluent la première Charte canadienne des droits et libertés, qui exclut intentionnellement toute mention aux droits à la propriété, et de nouvelles procédures plutôt embarrassantes pour amender la Constitution à travers des actions au Canada et sans recours, même si seulement pro forma, au Parlement britannique. Voir Constitution Acts 1867 to 1982 (English); Lois constitutionnelles de 1867 à 1982 (français).
Les objections principales du Québec à la nouvelle constitution sont: (1) lomission du droit de veto sur les amendements constitutionnels que le Québec prétend avoir et, de fait, quil a exercé sous lActe Britannique dAmérique du Nord; et (2) labsence dune prise en considération ou dune reconnaissance adéquate de la culture, des coutumes et de la langue distinctes du Québec. De plus, depuis que le Québec a adopté sa propre Charte des droits et libertés en 1975, incluant une section protégeant le droit à la propriété (ch. 1, art. 6), la nouvelle charte fédérale ny présentait pas autant dintérêt que dans les autres provinces et posait une menace potentielle pour les statuts du Québec, spécialement en matière de langue et déducation.
Dans les années qui ont suivi le rapatriement, les gouvernements successifs au Québec ont souligné lobjection de la province à la nouvelle constitution en refusant en général de participer aux procédures damendement aussi bien quen invoquant autant que cela était admissible la soi-disant «clause dérogatoire» (art. 33 de la Loi constitutionnelle de 1982), qui permet autant au Parlement fédéral quau législatures de chaque province doutrepasser la Charte des droits et libertés. Voir D. Johansen et als., La clause dérogatoire de la charte (Direction de la recherche parlementaire, Bibliothéque du Parlement, 1997).
En 1987, le gouvernement Mulroney a essayé de répondre aux préoccupations constitutionnelles du Québec avec lAccord du lac Meech qui proposait divers amendements à la Loi constitutionnelle de 1982 pour satisfaire les cinq propositions de changement que le Québec avait affirmé répondre à ses objections, incluant laddition dune clause déclarant: «Toute interprétation de la Constitution du Canada doit concorder avec ... la reconnaissance de ce que le Québec forme au sein du Canada une société distincte.»
Opposé par M. Trudeau (de même que Jean Chrétien, le premier ministre actuel depuis 1993), lAccord du lac Meech a expiré en 1990, faute davoir obtenu la ratification nécessaire par deux provinces, le Manitoba et Terre-Neuve, à cause de lentêtement dun seul politicien dans chaque cas. Une tentative subséquente dans le même but en 1992, lAccord de Charlottetown, a été défait dans deux référendums tenus simultanément au Québec et dans les autres provinces. Presque 55% du reste du Canada a voté contre le compromis du statut de «société distincte» pour le Québec où un pourcentage semblable de ses citoyens a voté que cétait inadéquat et inacceptable.
Dans les élections de 1984, le Parti Progressiste-conservateur de M. Mulroney a remporté 211 des 282 sièges, dont 58 au Québec. Avec une majorité moindre en 1988, le PC a remporté 63 sièges au Québec. Mais comme lAccord du lac Meech seffondrait en 1990, Lucien Bouchard s'est séparé du premier ministre pour diriger un groupe de députés du Québec venant du PC pour former le Bloc Québécois. Dans louest, plusieurs Conservateurs ont choisi de se joindre au nouveau Parti de la Réforme, laissant un PC désintégré aux élections de 1993 gagnées par les Libéraux de M. Chrétien. Comme parti régional avec le plus de sièges, le Bloc est devenu lopposition officielle avec le charismatique M. Bouchard à sa tête.
Au Québec, la cause séparatiste avait souffert un revers en 1985 quand le PQ a perdu face au Parti Libéral du Québec. Mais en 1994, promettant de tenir un référendum sur la souveraineté, le PQ est retourné au pouvoir, et le Canada sest précipité vers une crise constitutionnelle.
À lapproche du lundi, 30 octobre 1995, jour du référendum, les sondages indiquaient que le Oui et le Non étaient tête-à-tête. Les émotions senflammaient, surtout dans les vieilles provinces du Haut et du Bas Canada, alors que les deux peuples fondateurs allaient vers le divorce et que le sort de la nation était dans la balance. Le vendredi précédant le vote, des Canadiens de toute ascendance et de chaque province ont envahi la Place du Canada à Montréal dans la manifestation politique la plus grande de lhistoire canadienne pour montrer leur appui pour le Non dans un effort de dernière minute pour sauver leur pays. Avec une participation de 93% le lundi suivant, une mince majorité (50.58%) a voté Non à la séparation du Canada.
5. Abandon de lOr [Dumping Gold] Du début de 1990 jusquà 1995, les années de crise constitutionnelle aiguë commençant avec leffondrement de lAccord du lac Meech et se terminant avec le référendum du Québec extrêmement serré, le Canada a vendu 395 tonnes dor, avec les ventes les plus importantes en 1991 (56 tonnes), 1992 (94 tonnes), 1993 (121 tonnes) et 1994 (67 tonnes). À un coût de base de $35/on., les gains nets sur ces ventes ont été substantiels.
Les réserves dor du Canada sont gérées à travers le Compte du Fonds des Changes. Sa raison dêtre principale est «d'aider à contrôler et à protéger la valeur de l'unité monétaire canadienne sur les marchés internationaux.» Analogue à lExchange Equalisation Account en Grande Bretagne et à lExchange Stabilization Fund aux États-Unis, le Fonds des Changes du Canada fonctionne dans un secret considérable et il est exempt de la Loi sur la Gestion des finances publiques. Toutefois, ses revenus (ou pertes) nets pour chaque année, incluant les gains en capital, sont versés (déboursés) au Trésor (Consolidated Revenue Fund), qui est le pool général de tous les revenus du gouvernement fédéral.
En labsence dexplications des responsables dans les deux gouvernements Mulroney et Chrétien, les vraies raisons de la vente de 1990-1995 ne sont pas connues avec certitude. Toutefois, les circonstances suggèrent deux possibilités assez crédibles: (1) lever des fonds en excès de ceux disponibles grâce à -- ou à labri du mode parlementaire ou de lexamen public associée -- dautres canaux budgétaires dans le but spécifique de financer des activités visant à miner le soutien pour la séparation; et (2) le cas avenant de la séparation, priver le Québec de réclamation sur une part significative des réserves en or qui pourraient être utilisées pour établir le système monétaire du Québec indépendant.
Certains ont suggéré que les recettes des ventes dor étaient requises à ce moment pour renflouer les profonds déficits budgétaires fédéraux; dautres quOttawa était sous pression pour vendre un actif «non-productif». Ces suggestions ne sont pas convaincantes. Si la réduction du déficit seule est en jeu, la haute sensibilité reconnue du gouvernement et le manque presque total de candeur sont difficiles à expliquer. Il en est de même pour la vente dor comme pour la vente dune société de la couronne. Il y a de nombreuses raisons valides pour privatiser des entreprises de lÉtat mis à part les gains en capitaux dont bénéficie le gouvernement (ou les pertes dopération qui puissent être éviter).
Lor, comme les devises, rapporte un revenu quand il est prêté à dautres. Lor entreposé dans une chambre forte ne rapporte pas de revenu précisément parce ce que sa valeur ne dépend pas de la promesse dun autre. Plutôt, lor entreposé en sécurité est la forme la plus sûre dassurance financière disponible autant pour les individus que les gouvernements. Comme toute forme dassurance, le niveau de la couverture dans des circonstances spécifiques est une question de jugement et des personnes raisonnables peuvent être en désaccord. Mais quand une nation vend ses réserves en or presque jusquà zéro, elle supprime effectivement sa police dassurance financière et ne se borne pas simplement à en réduire la couverture.
À la fin de 1995, les réserves en or du Canada étaient réduites à seulement 106 tonnes, faisant la Banque du Canada un joueur impuissant dans le scénario organisé par les banques centrales pour supprimer le cours de lor autour de 1995 et contesté dans le Gold Price Fixing Case (laffaire concernant la fixation du prix de lor). Ironiquement, un discours livré à Londres en février dernier par le Gouverneur de la Banque dItalie indique quà la réunion du G-7 à Toronto en février 1995 est née cette attaque soutenue sous couvert à long terme contre léconomie de marché libre. Voir S. Corrigan, Gold is boomeranging on George, Greenspan, and the other central bankers, Capital Insight (August 27, 2003) et It's Dishonour, Sir, Capital Insight (August 3, 2003).
Il y a une exception à ladage quil ny a pas dhonneur entre voleurs. Les banquiers des banques centrales préfèrent voler leurs concitoyens que de perdre la face devant leurs propres élites et la puissante fraternité internationale. Ainsi, oublieuse ou sans remord pour les dommages causés par le bas prix de lor à lindustrie minière aurifère du Canada, la Banque du Canada -- présumément sous la direction du Ministère des Finances -- a continué après 1995 à faire et annoncer des ventes dor modique sur une base régulière, et ainsi prêter le support quelle peut au plan des banques centrales pour supprimer le cours de lor.
À lautomne 1999, les réserves en or du Canada avaient encore diminué pour natteindre quun peu plus de 60 tonnes. Alors, il nest pas surprenant que ni la Banque du Canada, ni le Ministère des Finances aient été invité à participer à lAccord de Washington sur lOr, annoncé le 26 septembre 1999, chapeauté par la Banque Centrale Européenne et 14 autres pays européens, dont la France, lAllemagne, lItalie et la Grande Bretagne, afin de limiter leur vente totale cumulative à 2000 tonnes durant les cinq années suivantes. Le Canada na pas offert, non-plus, de limiter ses ventes futures dor en accord avec lesprit de cet accord comme lon fait dautres pays non-participants, dont les États-Unis et le Japon. Au lieu de cela, rejetant une dernière chance de faire une petite contribution symbolique pour appuyer lindustrie minière aurifère canadienne, le gouvernement fédéral a foncé de lavant avec ses ventes dor de telle manière quaujourdhui il reste moins de 200,000 onces.
Presque sans réserves dor et étant le seul pays du G-7 complètement dissocié de lAccord de Washington, le Canada est singulièrement en mauvaise posture soit pour négocier, soit pour participer à, toutes réformes du système monétaire international qui ajouteraient de limportance à lor. La Banque du Canada et le Ministère des Finances ont apparemment parié que les signataires de lAccord de Washington ne voulait pas vraiment dire ce quils disent dans la première phrase de ce document: «Lor va demeurer un élément important des réserves monétaires mondiales.»
6. Survivre à lHiver [Winter Survival] Les Canadiens sont habitués à composer avec lhiver, et plusieurs profitent des activités sportives que la neige et la glace permettent. Mais dans lhiver de Kondratiev, la joie et le plaisir font place à une dure bataille pour survivre. Dans la théorie de léconomie cyclique qui prend son nom de léconomiste russe qui la développée le premier, la fonction de lhiver est dépurer laccumulation et les excès de dettes de léconomie pour amorcer un nouveau printemps de véritable croissance.
Selon les disciples modernes de la théorie de Kondratiev, la perspective économique des quelques prochaines années est effectivement sombre. Voir, e.g., les entrevues avec Ian Gordon, éditeur de The Long Wave Analyst, à Financial Sense.com (July 27, 2002) et www.miningstocks.com (June 1999 and July 12, 2002). Il reste à voir si les évènements vont se dérouler conformément aux prédictions de ces analystes, mais il y a un point indiscutablement correct: il y a un nombre incompréhensible de dettes quil faut régler, spécialement dans léconomie américaine.
Richard Russell, un analyste du marché vétéran assez vieux pour se rappeler le dernier hiver Kondratiev, i.e., la Grande Dépression, pense que la perspective économique des États-Unis est maintenant si effrayante que la plupart des gens refuse simplement dy faire face. Comme il le dit si bien dans Escape and Fantasy (Évasion et Fantaisie), Dow Theory Letters (July 29, 2003):
[TRADUCTION] Alors que fuient les gens ? Je crois que consciemment ou inconsciemment, ils fuient notre futur. Et quel est notre futur? Je vais le répéter encore une fois -- notre futur est «LINFLATION OU LA MORT.» ("INFLATE OR DIE.")
Quoi -- vous ne comprenez pas ce que cela veut dire? Alors je vais le reformuler. Notre futur est «LINFLATION OU LA RÉPUDIATION.»
* * * * * Nous avons une économie de $10 billions de dollars américains. Comment diable une économie de $10 billions va t-elle servir ce qui sen vient sous forme dune dette de $38 billions [incluant des engagements non financés]?
Il y a deux choix. Répudier une bonne partie de cette dette ou au moins la réduire drastiquement. Ou financer la dette avec la planche à billets. Laquelle pensez-vous que va choisir le gouvernement des États-Unis? Regardez, si on fait tourner la planche à billets à toute vitesse maintenant, et les GROSSES dépenses ne sont pas payables tout de suite, que pensez-vous que nos dirigeants vont faire quand la «dette sera due»? Vous avez deviné juste, ils vont gonfler la masse monétaire (inflation) à un niveau jamais vu auparavant.
[Voir aussi, R. Russell, On the Markets and Gold, Dow Theory Letters (September 1, 2003).]
Le fameux économiste libre échangiste Ludwig von Mises a essentiellement soulevé le même point dans Human Action (Foundation for Economic Education, 4th ed., 1996), p. 572:
[TRADUCTION] Le mouvement en forme de vague affectant le système économique, la répétition des périodes dexpansion qui sont suivies de dépression, est linévitable résultat des tentatives, répétées encore et encore, de baisser les taux dintérêt de lensemble des marchés au moyen de laccroissement du crédit. Il ny a aucun moyen déviter leffondrement final dune expansion issue de laccroissement du crédit. La seule alternative est alors que la crise devrait arriver plus tôt résultant de labandon volontaire de laccroissement du crédit, ou plus tard comme catastrophe finale et totale du système monétaire impliqué. [Voir aussi: L'Action Humaine: Traité d'Économie (traduction française par Raoul Audoin, 3e ed. rev., Presses Universitaires de France, 1985), Pt. 4, ch. XX, par. 8.]
Grâce au libre échange, léconomie canadienne prospère plus que jamais comme celle des États-Unis. Quelle préparation a le Canada pour subir un hiver économique sévère, que ce soit une tempête dinflation, un froid dur de faillites et de déflation, ou les deux ensemble? On avait lhabitude de dire que lorsque les État-Unis avait un rhume économique, le Canada avait une pneumonie. Quarrivera-t-il à léconomie canadienne daujourdhui si léconomie des État-Unis attrape une pneumonie? Quarrivera-t-il au dollar canadien si le dollar américain perd son statut de principale devise mondiale? Est-ce que la structure constitutionnelle branlante du Canada pourra supporter léquivalent économique du SRAS?
Si le présent système financier mondial construit autour du dollar É.U. sécroule, une perspective qui ne peut plus être rejeté comme impensable et que certains considèrent inévitable, lhistoire et le sens commun suggèrent que quelque soit le système émergent, il donnera un rôle probablement plus grand à lor. Alors, les Canadiens regretteront amèrement les années passées à regarder passivement la Banque du Canada se débarrasser de ses réserves en or pour des raisons que le gouvernement refuse toujours de leur donner. Un pays qui entre dans lhiver de Kondratiev sans or est dans la position non-enviable dun écureuil sans provisions alors que les jours raccourcissent, les nuits rallongent, et le climat se refroidit.
Certains soutiennent que les pays producteurs dor ont moins besoin de réserves dor parce quil peuvent toujours en acquérir de la nouvelle production de leurs propres mines si lor venait à leur manquer quelque temps dans le futur pour contrer une urgence. Dans le cas du Canada, au taux de production actuelle et dans l'hypothèse que tout nouvel or produit sera dédié à cet effort, il faudrait plus de quatre ans pour complètement remplacer les réserves dor vendues depuis 1985. Toutefois, dans les conditions les plus probables quun besoin se présente de remplacer ces réserves, le problème le plus aigu à cet égard sera relié au prix et aux moyens de paiment plutôt quà loffre.
Dans toute crise financière venant dune perte de confiance mondiale dans le dollar É.U., le prix de lor pourrait varier entre un prix beaucoup plus élevé que maintenant et «aucune offre», en particulier si dautres banques centrales ont déjà prêté autant dor que le croient certains, y compris cet auteur. Voir, e.g., F. Veneroso, An Update On The Commodity Case For Gold, Gold Newsletter (September 2003); J. Turk, Correcting Disinformation, GoldMoney Alert (August 6, 2003). De plus, les ressources financières du gouvernement canadien en de telles circonstances seraient en toute probabilité sous de très fortes contraintes. Le problème qui se poserait alors serait dexproprier soit les mines soit leur production en utilisant une drôle de monnaie quelconque.
Au Canada tel que structuré, où les provinces exercent lautorité principale sur les ressources naturelles de leur territoire, une expropriation effective des mines dor ou de leur production soulèverait de graves problèmes constitutionnels et provoquerait très certainement une crise constitutionnelle immédiate avec le Québec, le deuxième plus grand producteur provincial dor après lOntario.
7. La Confédération du Nord
[The Northern Confederacy] Pour affronter plus efficacement les États-Unis sortis forts de la Guerre Civile, le Dominion du Canada a été formé par la confédération de lOntario, du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse sous lActe de lAmérique du Nord britannique, effectif le 1er juillet de 1867, maintenant incorporé dans la Loi constitutionnelle de 1982.
Contrairement à la Constitution américaine qui réserve aux États ou au peuple les pouvoirs non expressément délégués au gouvernement fédéral, lActe ANB confère au gouvernement central du Canada les pouvoirs non expressément délégués aux provinces. Toutefois, dès le début les décisions prises par la Cour Suprême aux États-Unis, sous Le Juge en Chef John Marshall, favorisaient un gouvernement central fort. Jusquen 1949, lautorité judiciaire finale en regard de lActe ANB demeurait entre les mains du Comité judiciaire du Conseil privé de la Chambre des Lords qui penchait fréquemment du côté des provinces. Ainsi aujourdhui les provinces canadiennes exercent considérablement plus de pouvoirs que les États américains.
Certains attribuent ce développement paradoxal à l'influence de Judah P. Benjamin, défenseur des droits des États comme sénateur des É.U. pour la Louisiane avant la Guerre Civile et Procureur Général, Secrétaire de Guerre et Secrétaire dÉtat pour les États Confédérés. Après la guerre, lhomme connu comme le «brains of the Confederacy» senfuie en Grande Bretagne, où il poursuivit une carrière légale extraordinairement réussie et il défendit plusieurs affaires au début de lActe ANB devant le Conseil privé. Toutefois, les cas les plus importants favorisant les provinces sont venus plus tard, suggérant que le rôle de Benjamin pour établir au Canada une tradition de pouvoir provincial fort soit indirect dans le meilleur des cas, leffet résiduel au Conseil Privé et au barreau de Londres ayant été introduit au fédéralisme de style Nord Américain par un ardent avocat du droit des États. Voir C.O. Johnson, Did Judah P. Benjamin Plant the "States' Rights" Doctrine in the Interpretation of the British North America Act?, Canadian Bar Review (1967), pp. 454-477.
La Confédération a apporté des changements majeurs à la monnaie et au système bancaire du Canada qui était expressément mandé par la juridiction du gouvernement du Dominion sous lActe ANB. Voir Le dollar canadien: Une perspective historique (Banque du Canada, Octobre 1999). Les billets de banque du Dominion, échangeables à Halifax et à St. John comme à Montréal et à Toronto, ont remplacé les devises variées émises par les provinces, et la monnaie uniforme du Canada est devenue le dollar fixé à $4.8666 pour un souverain britannique et à $10 pour un aigle en or des É.U.
Toutefois, le loi canadienne autorisant la création de la Banque du Canada nentra pas en vigueur avant 1935. Cette banque centrale, constituant léquivalent canadien de la Réserve fédérale américaine, fut fondée plus de 20 ans après la création du «Federal Reserve» en 1913, faisant du Canada le dernier des pays du G-7 actuel à avoir une banque centrale. Comme cela est expliqué dans le rapport récent de la Banque du Canada au sujet du traitement de lor venu doutre-mer durant la Seconde Guerre Mondiale:
[TRADUCTION] [I]l a fallu leffondrement du crédit national durant la Dépression et la reconnaissance que létalon-or ne régulait plus automatiquement les échanges pour déloger lopposition persistante de la part des banques commerciales du Canada à la notion dintervention commanditée par lÉtat dans le crédit et la monnaie du pays.
Sous le système de Bretton Woods, le dollar canadien était lié à lor à travers le dollar des É.U. Quand ce système sest écroulé, les deux pays se sont appuyés sur du papier monnaie sans limite. Depuis lors et sans la discipline de lor, le pouvoir politique sest constamment déplacé vers Washington et Ottawa, chacune delles pouvent répondre aux obligations financières libellées dans sa propre monnaie avec la planche à billets et loin des États et provinces qui doivent toujours encore exercer des niveaux de discipline fiscale comparable à autrefois.
Mais les années passées à utiliser du papier monnaie comportent des inconvénients. Ce qui ressort maintenant est la possibilité que le dollar des É.U. soit un HMS Titanic monétaire, avec le Capitaine Greenspan à la barre, David Dodge de la Banque du Canada et les autres banquiers centraux voyageant en première classe et le prolétariat du Canada et des États-Unis coincés en classe économique. La question pour les provinces est de savoir si elles peuvent utiliser leurs pouvoirs substantiels sous lActe ANB pour concevoir pour elles-mêmes et leur citoyens un potentiel canot de sauvetage monétaire si nécessaire.
Les garants de lautorité constitutionnelle sont trouvés dans les paragraphes suivants de les articles 91, 92 et 92A de lActe ANB.
L'article 91 confère au Parlement fédéral «lautorité législative exclusive» en fonction de «toutes matières tombant dans les catégories de sujets» énuméré, incluant: «La réglementation du trafic et du commerce» (par. 2); «Le cours monétaire et le monnayage» (par. 14); «Les banques, l'incorporation des banques et lemission du papier-monnaie» (par. 15, emphase ajoutée); «Les caisses d'epargne» (par. 16); «Les lettres de change et les billets promissoires» (par. 18); «L'intérêt de l'argent» (par. 19); et «Les offres légales» (par. 20). L'article 91 confère aussi à cette entité lautorité résiduelle «de faire des lois pour la paix, lordre et le bon gouvernement du Canada, relativement à toutes les matières ne tombant pas dans les catégories de sujets exclusivement assignés aux législatures des provinces.»
L'article 92 énumère les «matières tombant dans les catégories de sujets» pour lesquelles les législatures provinciales ont une juridiction exclusive, incluant: «Lincorporation des compagnies pour des objets provinciaux» (par. 11); et «La propriété et les droits civils dans la province» (par. 13). L'article 92A ajoute à cette liste les ressources naturelles non-renouvelables, les ressources forestières et lénergie électrique, incluant «exploitation, conservation et gestion des ressources naturelles non-renouvelables de la province, y compris leur rythme de production primaire» (par. 1(b), emphase ajoutée). La «production primaire» est définie inter alia comme «le produit non manufacturé de la transformation, du raffinage ou de l'affinage d'une resource » (par. 5, sixième annexe, al. 1(a)(ii)).
Sous la Constitution des É.U. (art. I, s. 10, cl. 1), les États ne peuvent pas «donner cours légal, pour le paiement des dettes, à autre chose que la monnaie d'or ou d'argent», ainsi autorisant par implication les lois des États à donner cours légal à lor ou largent. (Note: Pour cette traduction française de la Constitution des É.U., voir Law-France.) LActe ANB ne donne pas dautorisation semblable aux provinces, qui ne peuvent donc apparemment pas légiférer concernant ce qui pourrait passer pour un cours légal.
8. Des Billets Verts aux Flocons de Neige [From Greenbacks to Snowflakes] Depuis la déroute du système de Bretton Woods, le gouvernement fédéral du Canada comme celui des États-Unis a assumé le pouvoir démettre du papier monnaie sans limite. Et au Canada, tout comme aux États-Unis, la plus haute cour du pays na jamais statué sur lautorité constitutionnelle, sil y en a une, pour lexercice du pouvoir, qui ne trouve pas dappui clair dans lActe ANB et qui est une violation ouverte de la Constitution des É.U., expliquant pourquoi la Cour Suprême des É.U. a refusé de traiter la question. Voir Walter W. Fischer v. City of Dover, N.H., et al., Petition for Certiorari, Supreme Court of the United States, No. 91-221.
Dans son étude historique mentionnée ci-dessus, la Banque du Canada rapporte que le billet de cours légal -- «billet vert» ou «greenback» -- émis par le gouvernement américain durant la Guerre Civile « dont le cours était proche de la parité avec le dollar canadien au début de 1862, tomba à moins de 38 cents canadiens (ou 1 $ CAN = 2,65 $ É.-U.) à la mi-juillet 1864. Il s'agit là du niveau le plus élevé jamais atteint par le dollar canadien vis-à-vis du dollar É.-U.» À la fin de la guerre, le billet vert avait presque doublé depuis son niveau le plus bas, et par la suite il a continué de monter spécialement durant 1866-1868 quand beaucoup ont été retirés (de la circulation). Avec le retour aux paiements en espèces en 1879 au taux davant-guerre, les dollars canadien et américain sont retournés à la parité, où ils sont demeurés jusquau début de la Première Guerre Mondiale.
En lisant «lémission du papier-monnaie» du par. 91(15) de lActe ANB contre (comparé à) cette histoire, il apparaît que les pères de la confédération avaient lintention daccorder le même pouvoir démettre le papier monnaie au nouveau gouvernement du Dominion comme le gouvernement Américain proclamait à ce moment. Toutefois, à la date de la confédération en 1867, aucun des arrêts de cours légal de la Guerre Civile navait encore atteint la Cour Suprême des É.U., laissant la validité constitutionnelle du billet vert dans un doute substantiel. En effet, avant la Guerre Civile, personne naurait sérieusement défié le point de vue de Daniel Webster (Speech on the Specie Circular, U.S. Senate, December 21, 1836):
[TRADUCTION] La devise, dans une large mesure et peut-être avec juste raison, inclut non seulement lor et largent et les billets de banque, mais les billets déchange aussi. Cela peut inclure tout ce qui ajuste et échange et règle les comptes dans les opérations du commerce et en affaire; mais si on entend par devise la monnaie légale du pays, et ce qui constitue le cours légal pour les dettes, et qui est le standard de mesure de valeur, alors sans aucun doute rien nest inclus sauf lor et largent. Sans aucun doute il ny a pas de cours légal, et il ne peut y avoir de cours légal dans ce pays, sous lautorité de ce gouvernement ou de tout autre, que lor et largent, soit comme pièce frappée par notre propre Maison de la monnaie ou des pièces de létranger aux taux réglementés par le Congrès. Ceci est un principe constitutionnel, parfaitement simple et de la plus haute importance. Il est expressément interdit aux États de rendre autre chose que lor et largent comme cours légal comme paiements de dettes, et bien quaucune interdiction expresse sapplique au Congrès encore, comme le Congrès na obtenu aucun pouvoir en cette matière encore sauf de frapper de la monnaie et de réglementer des pièces de monnaie étrangères, il na clairement aucun pouvoir de substituer du papier ou nimporte quoi pour des pièces de monnaie comme cours légal en paiement de dettes et comme règlement de contrats. Le Congrès a exercé ce pouvoir complet dans ses deux domaines; il a frappé la monnaie, et continue de la frapper; il a réglementé la valeur des pièces de monnaie étrangères, et il continue de réglementer leur valeur. Alors, ce cours légal, le standard constitutionnel de valeur, est établi et ne peut être révoqué. Le révoquer ébranlerait tout le système. [Emphase ajoutée.]
Le premier arrêt de cours légal de la Guerre Civile à atteindre la Cour Suprême, Hepburn v. Griswold, 75 U.S. (8 Wall.) 603 (1869), endosse ce point de vue. Mais lannée suivante et après un changement de composition de la Cour, la décision dans Hepburn a été renversée et la constitutionnalité des billets verts a été maintenue dans les Legal Tender Cases (Knox v. Lee and Parker v. Davis), 79 U.S. (12 Wall.) 457 (1870). La notion que leur validité reposait sur le fait dêtre des mesures de guerre fut rejetée dans Juilliard v. Greenman, 110 U.S. 421 (1884), qui incita George Bancroft à écrire A Plea for the Constitution of the United States: Wounded in the House of its Guardians (1884), une polémique beaucoup lue et consacrée dans une large mesure à rebuter laffirmation de la Cour (110 U.S. à la p. 447):
[TRADUCTION] Le pouvoir, comme incidence au pouvoir demprunter de la monnaie et démettre des billets ou des cours du gouvernement pour de la monnaie empruntée, dimprimer sur ces billets ou cours la qualité dêtre un cours légal pour le paiement de dettes privées, est un pouvoir universel compris pour appartenir à une souveraineté, en Europe et en Amérique, au moment de lencadrement et de ladoption de la Constitution des États-Unis.
Aucun de ces arrêt de la Guerre Civile na toutefois autorisé le gouvernement fédéral à émettre des devises de papier sans limites. Au contraire, dans Legal Tender Cases, 79 U.S. (12 Wall.) à la p. 553, la Cour a dit:
[TRADUCTION] Il est dit quil ne peut y avoir de poids étalon standard uniforme sans poids, ou de mesure sans longueur ou espace, et nous demandons comment nimporte quoi peut-il être déclaré létalon uniforme de valeur si cette chose na elle-même aucune valeur? Ceci est une question étrangère au sujet devant nous. Les actes de cours légal ne tentent pas de faire du papier un étalon de valeur. Nous ne reposons pas leur validité sur lassertion que leur émission est la frappe de monnaie, ou toute réglementation de la valeur de la monnaie; ni affirmons-nous que le Congrès peut faire dobjet sans valeur la monnaie. Ce que nous affirmons est, le Congrès a le pouvoir de faire que la promesse du gouvernement de payer en monnaie soit réalisée, pour le moment, équivalent en valeur à la représentation de la valeur stipulée par les actes de frappe de la monnaie, ou leurs collatéraux. Cest alors une erreur de voir les actes de cours légal comme fixant létalon de valeur ou réglementant les valeurs de la monnaie, ou faire de la monnaie avec ce qui na aucune valeur intrinsèque. [Emphase ajoutée.]
Lopinion semblable du Juge Bradley souligne le même point (id. à la p. 560):
[TRADUCTION] Le pouvoir [démettre des billets de cours légal] est entièrement distinct de celui de frapper la monnaie et, ainsi, den réglementer la valeur. Ce nest pas une tentative de frapper de la monnaie avec du matériel sans valeur, comme de frapper de la monnaie en cuir ou en ivoire ou avec des coquillages kowrie. Cest un engagement pour le crédit national. Cest une promesse par le gouvernement de payer des dollars; ce nest pas une tentative de fabriquer des dollars. Létalon de valeur nest pas changer. [Emphase ajoutée.]
Comme résultat des actes de cours légal de la Guerre Civile, deux dollars américains différents ont été en circulation générale: en papier et en espèces. Ils ont été décrit par la Cour Suprême dans Trebilcock v. Wilson, 79 U.S. (Wall.) 687, 694-695 (1871):
[TRADUCTION] Le billet du plaignant est payable, tel que déjà spécifié, en espèces. Mais ici les termes, en espèces, sont précisément descriptif du genre de dollars dans lequel le billet est payable, puisquil y a deux types différents en circulation, reconnu par la loi. Ils veulent dire que le nombre désigné de dollars par le billet sera payé en autant de pièces de dollars en or ou en argent des États-Unis. Ils ont acquis ce sens par lusage général entre commerçants, marchands et banquiers, et sont le contraire des termes, en devise, qui sont utilisés quand il est désirable de faire un billet payable en monnaie de papier. Ces derniers termes, en devise, veulent dire que le nombre désigné de dollars est payable en un nombre égal de billets qui circulent dans la communauté comme dollars. [Emphase dans loriginal; citations omises.]
Comme la revue des arrêts sur le cours légal Américain décidé peu de temps après la confédération montre, le pouvoir démettre de la monnaie de papier -- aussi imparfait soit-il -- un étalon de valeur métallique était considéré très différemment du pouvoir démettre des devises sans limite. Sous le par. 91(15) de lActe ANB, le nouveau gouvernement du Dominion a été investi dun pouvoir explicite couvrant «lémission du papier-monnaie», mais il ny a rien dans lActe ANB qui suggère que ce droit inclue le pouvoir démettre des devises sans limite sans aucune référence à un étalon de valeur métallique. Des billets de cette nature auraient été bien pires que les billets verts américains; ils auraient été des «flocons de neige» canadien destinés à fondre avec le temps avec aucune chance de rétribution en monnaie ayant aucun étalon de valeur reconnu ou identifiable.
On ne peut trouver le pouvoir démettre des devises sans limite dans les mots «Le cours monétaire et le monnayage [Devise et frapper les pièces de monnaie]» tel quutilisé dans le par. 91(14). Dans les Legal Tender Cases, la Cour réfute explicitement toute affirmation que «lémission [de billets à cours légal] est de la frappe de monnaie.» Donnant à «devise» le même sens que la Cour dans Trebilcock, le pouvoir se réfère seulement à la monnaie de papier. Ainsi le paragraphe «Le cours monétaire et le monnayage» ne soutient pas un pouvoir fédéral implicite qui requiert lutilisation exclusive de devise de papier sans limite ou qui interdit ou interfère sans raison avec lutilisation de lor ou largent, spécialement dans des circonstances où les métaux sont tenus comme protection contre la dépréciation anticipée de la valeur de la monnaie de papier ou quils circulent dans des transactions privées volontaires uniquement sur la base de leur poids.
La Loi sur la Monnaie actuelle du Canada ne commande pas un résultat différent. Tandis quelle requiert que tous les «comptes publics» soient en dollars canadiens (art. 12), elle permet que des contrats privés soient faits en dollars canadiens ou dans «la monnaie d'un pays étranger» ou «une unité de compte définie par rapport aux monnaies de plusieurs pays» (art. 13). Étant donné que toutes les monnaies sont définies aujourdhui par la valeur à laquelle elles séchangent sur les marchés mondiaux, et étant donné que lor et largent dans des poids spécifiques variés séchangent contre toutes (monnaies) sur les marchés mondiaux, des unités dor et dargent -- que ce soient des grammes, des onces, dautres poids reconnus localement, ou des fractions de ceux-ci -- toutes tombent sous cette loi.
Larticle 92A de lActe ANB donne une autorité large et exclusive aux provinces sur les ressources naturelles sur leurs territoires. Le paragraphe 92(13) couvre la «propriété et les droits civils», qui dans son sens littéral et historique est «[TRADUCTION] lensemble de toute les lois privées qui gouvernent les rapports entre sujet et sujet,» mais ce large pouvoir est réduit sous lActe ANB en excluant certains sujets énumérés et en les plaçant sous la juridiction exclusive du gouvernement fédéral. Voir P.W. Hogg, Constitutional Law of Canada (4th ed. (looseleaf), vol. 1, s. 21.2).
Toutefois, en matière dinstitutions financières et de banques, la constitution ne fait pas la part des choses. Le pouvoir fédéral est considéré exclusif seulement dans la mesure où il a été exercé. Ainsi le pouvoir fédéral sur les banques na pas empêché les provinces denregistrer les chartes et de réglementer dautres institutions financières (e.g., les compagnies de trust, les caisses dépargne, les caisses populaires) qui offrent essentiellement des fonctions identiques ou semblables aux banques à charte fédérale.
Les provinces peuvent aussi passer des lois qui sappliquent en général aux institutions financières pour autant quelles nimposent pas aux banques à charte un fardeau indu ou discriminatoire ou des exigences incompatibles avec les lois fédérales. À linstar de lindustrie des services financiers du Canada qui sest transformée au fil des temps, à linstar aussi de la réglementation provinciale de lindustrie de lassurance qui sest répandue, lindustrie de courtage est aujourdhui presquexclusivement réglementée par le palier provincial. Voir id., s. 24; surtout la discussion de Canadian Pioneer Management v. Labor Relations Board of Saskatchewan (Le Conseil des relations du travail de la Saskatchewan) (1980) 1 R.C.S. 433, et Reference Re Alberta Statutes (Renvoi relatif aux Lois de l'Alberta) (1938) R.C.S. 100 (invalidant un schéma compréhensif du «crédit social» sur lépoque de la Dépression).
En résumé, la Constitution canadienne ne confère pas au gouvernement fédéral une autorité claire pour émettre du papier monnaie sans limite. Ni la Constitution, ni la Loi sur la Monnaie ne soulève de barrière claire ou évidente à la législation provinciale désignée pour supporter ou encourager lutilisation de lor dans la province, que ce soit en relation avec lépargne, les pension de retraite ou les polices dassurance ou dans des échanges volontaires de biens et services. De plus, il y a un appui constitutionnel explicite aux législatures provinciales qui encouragent lutilisation de lor si cette législation vise à promouvoir «lexploitation, la conservation et la gestion» des gisements dor dans la province et elle ninterfère pas de manière indue avec tout pouvoir fédéral légitime.
9. «New Deal» Léger [New Deal Light] La majeure partie de la législation du «New Deal» proposée au Canada dans les années 1930 a été déclarée invalide par le Conseil privé, qui a refusé daccorder une interprétation expansionniste à lautorité résiduelle du gouvernement fédéral sous la clause de «la paix, lordre et un bon gouvernement» (clause «p.o.b.g.» ). Il en résulte que lautorité réglementaire dOttawa sur les échanges et le commerce au niveau national est significative mais plus circonscrite quà Washington, et les provinces jouent nécessairement un rôle plus étendu dans la régulation de la vie économique et les affaires du pays que les États américains. Voir Hogg, supra, s. 17.4(a).
Toutefois, aucun litige à propos du «New Deal» au Canada nimplique les questions de monnaies, et il ny a pas déquivalent canadien aux Gold Clause Cases, 294 U.S. 240 (1935). Le Canada na fait aucun effort pour confisquer lor possédé par ses citoyens ou pour interdire la possession privée dor. Bien que le gouvernement fédéral et au moins deux provinces aient adopté des statuts pour alléger le fardeau des clauses-or dans les contrats privés et publics, aucune de ces législations napparaît avoir produit de décisions rapportées. Curieusement, les statuts sur la clause-or demeurent en vigueur en Nouvelle Écosse (Gold Clauses Act, R.S., c. 186) et au Manitoba (Gold Clauses Act, C.C.S.M. c. G60), un rappel que les provinces ont réclamé dans le passé de larges pouvoirs en égard à la régulation de lusage de lor monétaire.
Généralement parlant, la clause p.o.b.g. autorise le gouvernement fédéral à agir en ce qui concerne les: (1) matières qui tombent dans des lacunes non-couvertes par la distribution expresse des pouvoirs entre le Parlement fédéral et les législatures provinciales; (2) matières dintérêt national pour autant que dans chaque cas lobjet soit suffisamment distinct pour se qualifier comme «matière» spécifique, séparée et à part de la juridiction provinciale existante (déléguée); et (3) matières représentant une urgence nationale comme une guerre ou une insurrection, mais alors seulement sur une base temporaire. Voir Hogg, supra, ss. 17.2 (lacunes), 17.3 (intérêt national), et 17.4 (urgence). Dans son étude historique du dollar canadien, la Banque du Canada note que les contrôles sur les taux de change ont été imposés par la Loi sur les mesures de guerre durant la Seconde Guerre Mondiale mais non durant la Première Guerre Mondiale.
Dans un effort pour contrôler linflation en 1975, le gouvernement fédéral a adopté des mesures temporaires de contrôle des prix et des salaires jusquen 1978, à moins dinterruption ou dextension. Dans Renvoi sur la Loi anti-inflation (1976), 2 R.C.S. 373, la Cour Suprême du Canada a refusé de voir cette législation comme nécessaire en matière dintérêt national ayant la distinction requise, mais elle a soutenu la loi parce que, comme la expliqué le Juge en Chef (à la p. 425):
A mon avis, cette Cour ne serait pas justifiée de conclure, selon les arguments soumis en l'espèce ainsi que tous les éléments de preuve mis devant elle, que le Parlement du Canada n'a pas agi rationnellement en considérant la Loi anti-inflation comme une mesure, qui, selon lui, s'avérait temporairement nécessaire pour faire face à une situation de crise économique qui mettait en danger le bien-être de l'ensemble de la population du Canada et exigeait que le Parlement intervienne de façon vigoureuse dans l'intérêt du pays.
Résumant le pouvoir du gouvernement fédéral sous la clause p.o.b.g tel que conçu dans la jurisprudence canadienne, Dean Hogg écrit (supra, s. 17.5):
[TRADUCTION] Premièrement, elle donne au Parlement fédéral la juridiction permanente sur « le sujet distinct en matières qui ne sont pas énumérées dans la section s. 92 et qui, par nature, sont dintérêt national », par exemple, laéronautique et la région de la capital nationale. Deuxièmement, le pouvoir de p.o.b.g. donne au Parlement fédéral la juridiction temporaire sur tout sujet en matières pour répondre à une urgence. À propos de cette théorie de double fonction, il nest pas utile de voir une urgence comme étant simplement un exemple de matière à intérêt national. Comme Beetz J. a dit [Renvoi sur la Loi anti-inflation (1976), 2 R.C.S. à la p. 461], «en pratique la doctrine durgence entraine une modification partielle et temporaire du partage des pouvoirs entre le Parlement et les législatures provinciales.» [Emphase dans loriginal; citations omises.]
Dans nimporte quelle crise monétaire mondiale à venir, il y a peu de doute que le gouvernement du Canada a lautorité constitutionnelle sans recourir à la clause p.o.b.g. pour modifier, changer ou réformer le système de papier monnaie sans limite quil a créé, incluant le rétablissement dune forme quelconque de lien entre la monnaie de papier et lor. Dans ce dernier cas, toutefois, au cas où le gouvernement fédéral essayerait dutiliser la clause p.o.b.g. pour effectivement prendre contrôle des ressources en or sous juridiction provinciale, il pourrait le faire seulement temporairement, ce qui ne constituerait guère une base solide pour une réforme monétaire permanente.
De plus, lutilisation de telles mesures durgence devrait tenir compte de contraintes pratiques, spécialement sil y avait une opposition significative des provinces productrices dor. Les actions récentes du gouvernement fédéral en ce qui concerne lor sont loin de lavoir rapproché de la communauté des mines dor, qui pourrait fort bien décider de résister à la déprédation venant dOttawa.
Une opposition de taille à toute saisie dor au Québec présenterait une situation encore plus difficile pour le camp fédéraliste. À tout le moins, une telle situation donnerait au PQ lors dune prochaine campagne référendaire, un autre argument de poids pour justifier laccession par cette province à la souveraineté. Si les événements dérapaient vers une perte de contrôle et la désobéissance civile, une seconde proclamation de la Loi des mesures de guerre au Québec en temps de paix pourrait provoquer létincelle dun rébellion totale. Utilisée dans les deux guerres mondiales, cette loi a été invoquée seulement une fois en temps de paix: pour contrer une «insurrection anticipée» en octobre 1970 après lenlèvement dun diplomate britannique, libéré par la suite, et un Ministre du Québec, qui a été assassiné, par le Front de Libération du Québec, une organisation séparatiste violente.
Largement considérée au Québec (et ailleurs) comme une suspension excessive des libertés civiles injustifiée par les activités dun petit groupe relativement minoritaire, cette application de la Loi des mesures de guerre a fait lobjet de litiges en Cour de première instance mais sa constitutionalité na pas été définitivement prise en considération. Toutefois, le gouvernement du Québec a par la suite compensé plusieurs de ceux qui avaient été arrêtés sans inculpation ou qui avaient dit avoir souffert de mauvais traitement par la police durant cet épisode de loi martiale.
10. Le Bon Sens en Grammes
[Grams of Common Sense] Tandis quà léchelle internationale les politiciens nont virtuellement rien fait pour réformer le système monétaire mondial qui semble se diriger vers un effondrement total, la technologie et lInternet ont permis la renaissance de la vrai monnaie -- lor -- sous une forme bien plus efficace, pratique et sûre que cela nétait possible auparavant.
Un innovateur davant-garde à cet égard est GoldMoney.com, qui a créé une monnaie digitale en or qui circule électroniquement sur lInternet avec un coût par transaction relativement bas pour les usagers du système sur une base 24/7 tout en représentant de lor physique en quantité égale stockée en allotissement. GoldMoney offre une manière sûre de faire des paiements immédiats et irréfutables en grammes dor (31.1034 grammes égale une once), en faisant léquivalent fonctionnel des pièces dor du siècle passé mais en évitant le coût de la frappe des pièces et dautres inconvénients pratiques associés aux paiements en espèces.
Autant «GoldMoney» et «goldgram» sont des marques de commerce, et un «goldgram» de GoldMoney est unique en ce sens quil circule sur le système breveté de GoldMoney. Toutefois, le concept utilisant des grammes dor (ou tout autre poids spécifique dor) comme monnaie nest pas brevetable ni fermée à des développements additionnels par dautres de manière non-conflictuelle, i.e., frapper des pièces ou des plaquettes libellées en grammes, utiliser des certificats ou dautres méthodes daccumulation en grammes, offrant des fonds pour des échanges commerciaux avec des unités en grammes, ou étiqueter des biens et services en grammes en plus, ou même au lieu de, monnaies nationales. Par conséquent, «gold gram» (en deux mots) est entendu au sens générique tandis que «goldgram» (en un mot) se réfère à lunité dun compte chez GoldMoney.
Un gramme dor est simplement un poids dor sans les inconvénients prescrite par la relation avec une monnaie nationale. Sa valeur vient non pas de lois sur le cours légal national mais de son utilité comme bien marchand. Les goldgrams de GoldMoney sont, et tout gramme dor est théoriquement, divisible en 1000 millièmes pour la précision dans des transactions individuelles. Au prix de lor de 311 $É.U./once, un gramme dor égale $10 et un millième à un cent, le rendant aussi (sinon plus) pratique pour étiqueter le prix des biens et services quen dollars et cents ou en utilisant lunité monétaire dautres pays.
Certaines caractéristiques du système de GoldMoney méritent plus dattention parce quil illustre non seulement comment la technologie et lInternet ont rendu les transactions en or pratiques, utiles et économiques, mais aussi comment elles procurent des solutions aux risques majeurs et aux problèmes associés avec le système bancaire fractionnaire sous létalon-or.
Les frais et les coûts de transaction de GoldMoney sont relativement bas et très compétitifs avec dautres formes de paiements. Les goldgrams peuvent être achetée auprès de Kitco, où le prix équivalent par once peut être comparé à ceux dautres produits en lingots dor. Récemment, Kitco a offert des goldgrams avec une prime inférieure de 2% à celle du COMEX en or de New York et à une prime plus basse que le Krugerrands, la moins chère des pièces dune once dor. La conversion dans la plupart des monnaies nationales se fait à moins de 2% descompte sur le spot, maintenant ainsi le coût dun tour complet déchange inférieur à 4%.
Les transactions en goldgrams entraînent en réalité un coût de traitement aux frais de lusager égal à un montant de 1% du paiement demandé, mais pas moins de 10 millièmes ni plus de 100 millièmes par transactions, rendant GoldMoney hautement compétitif avec les frais pour virement des banques situés entre $15 et $30 É.U. ou les frais de cartes de débit/crédit pour les marchands situés entre 1% et 4%. Les transactions outre-frontières conduites en goldgrams éliminent complètement les frais et les commissions additionnels sur les conversions en devises étrangères. Le transfert électronique élimine les coûts denvoi et de manutention de lor métal.
Contrairement au système fractionnaire des réserves bancaires dans lequel lor du déposant est effectivement prêté à la banque et par conséquent exposé au risque du crédit, les goldgrams représentent de lor métal entreposé en quantité égale sous caution au compte du détenteur du compte, éliminant ainsi le risque du crédit et de diverses formes de règlement. Bien que lor dans les comptes dusagers individuels représente les intérêts proportionnels non-répartis et indivis dun pool dor contenu dans tous les comptes dusager, le pool total est détenu en stockage dallotissement sous forme de barres de 400 onces rencontrant les normes standard de bonne livraison de Londres et assujetties à diverses assurances, incluant lassurance de la chambre forte et la vérification des comptes dusagers par un tiers indépendant.
À lexception de comptes commerciaux importants, GoldMoney impute actuellement des frais dentreposage de 100 millièmes par mois, peu importe la valeur du compte. À ce taux, les frais annuels pour un kilogramme (1000 goldgrams ou 32.15 onces) serait de 0.12% et sur 100 onces ou moins de 0.04%. Selon son rapport en date du 30 juin 2003, GoldMoney avait des usagers dans plus de 100 pays. Toutefois, en ce moment les goldgrams ne peuvent être utilisés autrement quentre et parmi les détenteurs dun compte de GoldMoney, faisant en sorte quune espèce de carte de débit qui permette les paiements des comptes des usagers à des non-usagers dans plusieurs monnaies nationales serait le prochain pas en avant souhaitable.
Au moins une compagnie (minière) aurifère canadienne, IAMGOLD, a annoncé une politique de monnaie en or qui implique de détenir la majeure partie des fonds corporatifs discrétionnaires de la compagnie en or dallotissement et de payer des dividendes aux actionnaires au choix en dollars canadiens ou en or, avec la possibilité que GoldMoney fasse ce dernier. Ainsi même dans les transactions daffaire ordinaire, les ersatz de pièces de monnaie du Canada -- le huard et le polar -- pourraient bientôt potentiellement faire face à la compétition de la vraie monnaie en or.
11. LÉpée dans le Bouclier [Sword in the Shield] Aux dires de certains, le problème de base dans lindustrie énergétique du Canada est géographique: tout le pétrole se trouve dans louest mais tous les dipsticks (terme péjoratif qui signifie à la fois jauge et faible d'esprit) sont à Ottawa. Un problème similaire affecte lindustrie minière aurifère: tout lor est dans le Bouclier Canadien précambrien qui contient les richesses minérales du Canada mais les plus puissants gold-diggers sont dans la capitale du pays avec les dipsticks.
Le gouvernement canadien a abandonné son bouclier monétaire en or contre lépée de papier du dollar américain. Les provinces ayant des gisements dor peuvent faire suite en saisissant lépée en or à leur portée. Ou elles peuvent la dégainer, utilisant les ressources et les outils constitutionnels quelles possèdent pour mettre leurs citoyens en position de survie et de prospérité dans un monde postérieur au dollar où la monnaie en or permanente et naturelle jouera un rôle beaucoup plus large que dans le passé récent.
Comme le dollar canadien nest plus défini en fonction dun poids en or, et comme les pièces dor venant de létranger sont libres dêtre échanger et de circuler au Canada parallèlement à ses pièces de Feuille dÉrable en or, il ne semble pas y avoir dobjections pratiques, légales ou constitutionnelles qui empêchent les provinces dautoriser la frappe de pièces ou de plaquettes dor extrait de leur territoire et libellées seulement en grammes dor ou une quelconque unité de poids commode comme les onces. Parce que les grammes semblent plus pratiques que les onces pour de petites transactions autant que pour les grandes, lunité en gramme est utilisée dans le reste de cet essai comme abréviation pour tout poids dor convenable et sans intention dexclure les onces utilisées là où cest préférable.
Bien sûr, une province ne peut pas autoriser une «banque» à émettre des grammes dor. Une province ne peut pas non-plus donner cours légal aux grammes dor ou leur donner une valeur en dollars canadiens, comme cest la pratique pour la pièce en or de la Feuille dÉrable autorisé par le programme fédéral. Voir la Loi sur la Monnaie royale canadienne. De plus, toute pièce ou plaquette dor provincial devrait se conformer à la Loi sur le Poinçonnage des métaux précieux, qui sert à protéger les acheteurs de ces biens et en certaines circonstances autorise lutilisation de marque de qualité nationale consistant en une feuille dérable encerclée par la lettre C.
Le poinçonnage de grammes dor métal et lencouragement de son utilisation dans la province stimulerait probablement un intérêt plus grand et une demande pour des grammes dor sur papier. Des certificats libellés en grammes dor pourraient être offerts par les institutions provinciales sous une réglementation conçue pour assurer un appui suffisant, préférablement par les mines dor dans la province. Une autre possibilité serait davoir des fonds déchange commerciaux libellés en grammes dor. En toute probabilité, la croissance de lusage de grammes dor métal et en papier interagirait de diverses manières mutuellement utiles avec lusage électronique de grammes dor comme ceux offerts par GoldMoney.com. Pour accélérer la croissance en la matière, les marchands provinciaux pourraient être encouragés avec ou sans action législative à participer au système de paiements utilisant les grammes dor électronique.
Le soutien apporté aux mines dor provinciales pourrait inclure des programmes autres que les actions accréditives, qui font souvent faire perdre beaucoup dargent sous forme de rabais fiscaux accordés aux investisseurs riches sans produire beaucoup en terme de nouvelles mines, demplois permanents, ou de recettes fiscales à venir.
Les programmes concernant les pièces et les plaquettes pourraient inclure des avantages financiers pour encourager la livraison dor extrait dans la province à sa poinçonnerie désignée. Durant les périodes de sévères chutes (artificielles ou non) du prix de lor, des mesures de soutien des prix pourraient être mises en uvre -- comme elles lont été par le gouvernement fédéral durant la période du pool dor de Londres -- pour décourager lécrémage des hautes teneurs, qui rend souvent beaucoup plus difficile sinon impossible laccès au minerai moins riche laissé inexploité, et en tout cas fait baisser la teneur moyenne du minerai restant à tel point quun prix de lor beaucoup plus élevé est requis pour justifier son exploitation minière.
En effet, dans le cas dun défi légal lancé par le gouvernement fédéral aux programmes provinciaux de grammes dor, les provinces pourraient bien considérer la possibilité dune action récursoire en réparation des dommages causés aux gisements de leurs provinces par le gouvernement fédéral ces dernières années. Même en supposant que toutes les ventes dor de la Banque du Canada avant le référendum du Québec en 1995 étaient conduites pour de bonnes raisons justifiables, les ventes subséquentes des dernières centaines de tonnes du Canada -- fréquemment à un prix sous les $300/once pour appuyer le plan des banques centrales de supprimer le cours de lor -- étaient et demeurent injustifiables.
Comme agents dun des grands pays producteurs dor ayant une grande expertise minière, les responsables des ventes devaient savoir que, en conséquence directe du prix de lor inattendu et artificiellement bas auquel elles ont été réalisées, lécrémage des hautes teneurs a occasionné des dommages substantiels et probablement irréparables aux gisements de plusieurs mines dor actives du Canada. De plus, ces ventes étaient absolument incompatibles avec une gestion prudente des réserves officielles du pays. Ayant vendu la presque totalité de son or, le Canada aurait dû saisir lopportunité que représente un bas prix de lor pour rétablir ses réserves en or à un niveau correspondant davantage à ceux des autres pays du G-7.
Dans la mesure où les programmes provinciaux de grammes dor impliquent des subventions, ils devraient être conçus pour répondre aux exigences de lALENA, qui permet lapplication de mesures non-discriminatoires ayant des objectifs légitimes en particulier quand ils sont liés à lenvironnement ou à la gestion des ressources naturelles. Parce que les grammes dor tiennent leur valeur seulement de leur poids et quils ne sont reliés à aucune monnaie nationale excepté à travers les marchés de lor et des devises, les programmes de grammes dor niraient pas à lencontre même au niveau national du Deuxième amendement des articles du Fonds Monétaire International, qui interdit aux pays membres de rattacher leurs monnaies à lor.
Aujourdhui, les rendements de placements à court-terme à faible risque sont négligeables. Des rendements plus élevés sont disponibles à plus long terme mais avec des risques beaucoup plus élevés, spécialement compte tenu des pressions inflationnistes actuelles. Dans ces circonstances, le prix de lor devrait sapprécier rapidement contre toutes les monnaies de papier. Les programmes provinciaux de grammes dor ont le potentiel daccélérer la montée du prix de lor et dapporter les bénéfices de cette montée à un large segment de la population de la province. Voir J. Embry, 15 Fundamental Reasons to Own Gold, GoldMoney Alert (September 26, 2003).
12. Québec Libre [Québec Libre] Transformée par La Révolution tranquille (The Quiet Revolution), Montréal a célébré lannée du centenaire du Canada avec lExpo 67 et une visite extraordinaire de Charles de Gaulle, dirigeant de la France Libre durant la Seconde Guerre Mondiale, fondateur de la Cinquième République, et à lépoque Président de la France. Sapant les efforts mis de lavant par le gouvernement fédéral pour ne faire de lui guère plus quun touriste et se jouant du protocole diplomatique qui aurait voulu quil arrive à Ottawa, le Général de Gaulle atteint le Québec à bord du croiseur français le Colbert le 23 juin 1967, après un bref arrêt à St-Pierre et Miquelon, le dernier territoire français dAmérique du Nord. Reçu chaleureusement par plus dun million de Québécois enthousiastes tandis quil suivait le Chemin du Roy (Route 138) dans une voiture décapotable jusquà Montréal, le général est arrivé dans la métropole le 24 juin.
Ce soir-là, du balcon de lHôtel de Ville de Montréal, il a prononcé un discours (voir le Clip télé sur le site web de Radio Canada; aussi un film de Jean-Claude Labrecque) à un auditoire de quelques 15,000 personnes, parmi elles des membres du Rassemblement pour lIndépendance Nationale brandissant leurs pancartes. Ce mouvement politique était en fait un précurseur du PQ. Comparant latmosphère du jour à celle de la libération de Paris en 1944, il a salué les récents accomplissements de la province, spécialement à Montréal, et il a promis un plus large appui français à la coopération transatlantique avec le Québec. Puis, évoquant les souvenirs inoubliables dun jour extraordinaire et affirmant que «La France entière sait, voit, entend ce qui se passe ici», il a clos son discours avec un salut entendu autour du monde: «Vive le Québec libre!»
Le président de la France avait scandé le slogan du RIN. Une trombe dapplaudissement sest élevée de la foule, suivie presque immédiatement de la colère glaciale dOttawa qui a écourté le voyage du général et a plongé les relations du Canada avec la France dans un froid glacial qui a duré une décennie.
Certains collaborateurs du Général de Gaulle, qui était aussi estomaqués que les dirigeants canadiens, ont attribué lincident à l'âge avancé de celui-ci et à son penchant pour prendre des décisions sans consultation. Voir J. Portes, Il y a trente et un ans... Vive le Québec libre! (1998 article par l'auteur de Le Canada et le Québec au XXe siècle (A. Colin, 1994)). Toutefois, à son retour du Canada lors dune rencontre à Orly avec le cabinet francais (present prequen entier à cette occasion), le général a simplement expliqué: «Il y avait le destin d'un peuple. ... Je leur ai fait gagner dix ans.» Voir J. Chartier, De Gaulle s'était adressé aux Québécois dès 1940, Le Devoir (23 juillet 1997).
Les paroles du général ne furent pas lancées en vain. Avant mémé que lannée 1967 tire à sa fin, René Lévesque quitta le PLQ pour former le Mouvement pour la Souveraineté-Association, qui sest joint en 1968 au RIN et à dautres mouvements à tendance souverainistes pour former le PQ. En 1976, moins dune décennie après la visite du Général de Gaulle, le PQ prenait le pouvoir au Québec lors dune victoire surprise qui a ébranlé le Canada dans ses fondements et a conduit en 1980 au premier référendum du Québec sur la souveraineté.
Les effets nont pas été moins importants en France où en dépit des échanges culturels amorcés durant la révolution tranquille, la plupart des gens ne savaient pas grand chose et ne sinquiétaient guère de ce qui se passait au Québec. Bon nombre de Français ont reproché à leur président d'être intervenu sans raison dans les affaires internes dun pays ami. Néanmoins, dautres initiatives ont été mises en uvre pour renforcer les liens entre la France et le Québec, et lappui à son aspiration à lindépendance a pris racine profondément dans la politique officielle française. Si le vote pour le Oui avait prévalu en 1995, la France était apparemment prête à donner une certaine forme de reconnaissance immédiate au Québec bien que selon les termes de la question du référendum la souveraineté complète doive attendre le résultat de discussion avec le gouvernement fédéral. Voir F. Bastien, Relations particulières: La France face au Québec aprés de Gaulle (Le Boréal, 1999), pp. 331-333, 358 (review by C. Rioux, Le Devoir, 21 novembre 1999).
En rétrospective, la visite du Général de Gaulle en 1967 mis un point dexclamation à la fin de la Révolution Tranquille et a marqué le début dun nouveau chapitre dans lhistoire du Québec, qui depuis plus de trente ans est caractérisé non seulement par les hauts et les bas de lagitation pour la souveraineté mais aussi par une nouvelle et complexe danse diplomatique entre Paris-Ottawa-Québec qui traite souvent la province canadienne comme si cétait une entité internationale séparée sur la plate forme mondiale. Voir A. Peyrefitte, De Gaulle et le Québec (Stanké, 2000); and J. Chartier, De Gaulle n'a pas improvisé, Le Devoir (22 juillet 1997).
13. Nouvelle Monnaie, Nouvelles Politiques [New Money, New Politics] Défait par un PLQ dirigé par Jean Charest, lancien chef du Parti Progressiste-conservateur, aux élections du printemps dernier, le PQ na pas reussi après trois mandats consécutifs à atteindre son but dun Québec souverain. Toutefois, dans le processus il est arrivé à démontrer, comme le rapport Bélanger-Campeau en 1991 lavait conclu, que la souveraineté demeure une option bien viable pour le Québec si elle a un appui populaire suffisant. Les événements ont aussi montré, comme ce rapport la suggéré, que deux questions majeures déconomie -- la monnaie et le libre échange -- doivent être résolu adressées avant quune majorité significative de Québécois vote pour se séparer du Canada. Dès le départ, le Québec appuyait fortement linitiative du libre échange du gouvernement Mulroney, et peu de Québécois veulent risquer de perdre les avantages de lALENA.
Sur la question de la monnaie, le rapport identifiait trois choix de base: (1) utiliser le dollar canadien en attendant une éventuelle transition à une nouvelle monnaie du Québec; (2) utiliser le dollar des É.U.; ou (3) ladoption dune nouvelle monnaie Nord Américaine créée pour faciliter le commerce sous lALENA. Durant la campagne référendaire de 1995, le programme du PQ proposait de retenir le dollar canadien. En même temps, il y avait au moins des indices que dans lavènement dune victoire, lintention du PQ était de rapidement prendre position pour utiliser le dollar de É.U. Dans les deux cas, le Québec aurait cédé tout contrôle ou influence sur sa propre monnaie, et à la place aurait dû accepter les désavantages de dépendre sur une monnaie gérée en référence aux conditions économiques dans le reste du Canada ou aux États-Unis.
La scène monétaire internationale a changé significativement depuis le référendum de 1995. Premièrement, comme cela a été indiqué plus haut, les déficiences des taux de change flottants tournant autour du dollar des É.U. sont devenues beaucoup plus évidentes. Deuxièmement, aussi comme on la déjà dit mais sans que cela soit aussi largement reconnu, la technologie et lInternet ont donné lieu à dexcitantes nouvelles possibilités pour lutilisation monétaire de lor. Troisièmement, fait qui na pas encore été évoqué et qui revêt un intérêt spécial pour le Québec vu ses liens avec la France, les monnaies nationales de la plupart de lEurope de lOuest ont été remplacées par leuro. La zone économique de leuro est approximativement la même que la zone américaine, et les pays de leuro possèdent des réserves officielles dor totalisant une fois et demie celles des États-Unis.
Actuellement la zone de leuro comprend 12 des 15 pays membres de lUnion Européenne. Onze, dont la France et lAllemagne mais à lexclusion de la Grande Bretagne, se sont mis daccord pour participer au lancement initial de la nouvelle monnaie le 1er janvier 1999, comme moyen de transactions et de comptabilité. La Grèce sest ralliée à eux en janvier 2001. Pendant les trois premières années, leuro est demeuré essentiellement une monnaie numérique sans expression physique. Les monnaies nationales des 12 pays de la zone euro ont continué de circuler, mais à un taux de change irrévocablement fixé à leuro et donc entre elles. Les billets et les pièces de monnaie libellés en euro nont pas été introduits avant le 1er janvier de 2002, date à laquelle les monnaies nationales des pays participants ont été retirées. Ainsi aujourdhui, les 12 membres de la zone euro ont une seule monnaie administrée au nom de tous par une seule banque centrale, la Banque centrale européenne, à laquelle chacun a une représentation.
Le lauréat du prix Nobel en économie, Robert A. Mundell, est largement perçu comme étant linfluence intellectuelle majeure derrière leuro et ceci dit, plusieurs pensent que cette devise pourrait remplacer le dollar comme monnaie internationale de premier plan. Lorigine de leuro se trouve dans un document de 1961, écrit pendant ce Canadien était économiste en chef du FMI, soulignant une théorie des zones monétaires optimales. Le professeur Mundell a à loccasion observé quune zone monétaire optimale nest pas très différente dun groupe de pays en libre échange ayant avec l'étalon-or des taux de change fixe entre eux. Il a aussi reconnu la réalité politique que les États-Unis resteront indifférents à une réforme du système monétaire mondial tant et aussi longtemps que le système chaotique actuel penchera autant en sa faveur. Voir, e.g., R.A. Mundell, The International Monetary System in the 21st Century: Could Gold Make a Comeback? (1997 lecture, St. Vincent College, Latrobe, Pennsylvania) (contenant une discussion fascinante sur le rôle historique de lor monétaire tout en faisant mention incidemment du Canada, de la Belgique et de la Hollande qui ont «vendu de lor pour aider à essuyer leurs profonds déficits budgétaires»).
Comme province du Canada, le Québec est en position de bénéficier de la promotion de lusage des grammes dor de la même manière que les autres provinces productrices dor. Toutefois, comme province contemplant la négociation soit dun nouvel accord constitutionnel ou de la souveraineté complète, le Québec pourrait tirer des avantages importants dun programme provincial de grammes dor établi avec succès qui pourrait servir comme: (1) une base pour un système monétaire indépendant dans léventualité dune séparation complète du Canada; (2) un levier effectif pour faire avancer le gouvernement fédéral et les autres provinces vers un nouvel accord constitutionnel amendant les dispositions inacceptables de la Loi constitutionnelle de 1982; ou (3) un outil utile pour négocier des arrangements monétaires et commerciaux potentiels à venir avec la France et la zone euro.
En rapport à ce dernier point, il y a peu de raison à spéculer ici sur la nature précise des arrangements qui pourraient avoir un sens à une date ultérieure. Toutefois, deux points généraux sont de mise. Premièrement, si les conditions économiques changent de manière à réduire le commerce du Québec avec les États-Unis, non seulement lALENA deviendra moins importante mais laugmentation du commerce avec lUE deviendra plus impérative.
Deuxièmement, sur le front monétaire, la France est largement considérée comme le pays du G-7 le plus favorable à lor. En autre, la France a aidé longtemps à administrer et soutenir le franc CFA (Communauté Financière Africaine), la monnaie commune de presque toutes ses anciennes colonies africaines. Voir Monetary Independence: Reinventing the Wheel of Misfortune. Antérieurement lié au franc français, le franc CFA est maintenant lié à leuro. Voir J. Irving, For better or for worse: the euro and the CFA franc, Africa Recovery (United Nations, April 1999). Comme lindique le graphique suivant, à part une dévaluation de 50% en janvier 1994, le franc CFA a eu une performance respectable par rapport au dollar canadien, et même avec la dévaluation il dépasse la monnaie de lautre pays de lALENA, le peso mexicain.
Finalement, le Québec possède dautres attributs uniques qui en font une zone particulièrement fertile pour un programme de grammes dor. Comme les Français, les Québécois ont une affinité instinctive pour lor. Au Québec, contrairement à ce que lon peut observer aux États-Unis et dans le reste du Canada, les bulletins de nouvelles et les nouvelles en bref diffusées sur les chaînes principales et les chaînes dinformation continue donnent en général le prix courant de lor tout en affichant les principaux indices financiers.
A propos des grammes dor électronique, non seulement lInternet est-il utilisé dans la province de manière généralement comparable au reste de lAmérique du Nord, mais aussi le Québec, juridiction de droit écrit plutôt que de droit coutumier, a adopté une législation pionnière en 2001 «concernant le cadre juridique des technologies de l'information.» Voir J.D. Gregory, Canadian Electronic Commerce Legislation, 17 Banking and Finance Law Review 277 (2002), pp. 316-318. Dans le même esprit, les guichets automatiques sont arrivés tôt au Québec, qui est régulièrement utilisé comme marché pour essayer des nouveaux concepts de vente au détail. Ce qui réussit au Québec a de bonne chance de bien fonctionner dans le reste de lAmérique du Nord, tandis que les échecs sont tranquillement oubliés car les nouvelles les concernant ne se répandent guère à lextérieur de la province en raison de la différence de langue.
14. Le Mille Carré en Or [The Golden Square Mile] En Mars 1776, moins dun an après les batailles de Lexington et de Concord, Benjamin Franklin est arrivé à Montréal avec lordre du Congrès Continental dessayer de convaincre le Québec de se joindre la Révolution. Les troupes sous le commandement du Benedict Arnold, encore loyal à la Révolution, avaient pris possession de la ville, mais sans argent ni provisions et forcées de vivre du terroir, elles sétaient aliénées la majeure partie de la population locale, qui de toute façon avait peu de raison dembrasser la cause américaine. À ce moment-là, Montréal était déjà un centre prospère de commerce en grande partie grâce au commerce de la fourrure, et lActe de Québec avait amorti en grande partie lhostilité envers la Grande Bretagne que les Américains espéraient y trouver.
Réalisant presque immédiatement que la position américaine était intenable, Franklin a battu en retraite mais il est reparti avec une bagatelle significative: le chapeau de fourrure de martre quil a porté avec effet quand les principaux représentants de lAmérique sont allés en France dans les années critiques à venir (portrait en gravure par Augustin de Saint Aubin). Voir W. Isaacson, Benjamin Franklin, An American Life (Simon & Schuster, 2003), pp. 305-307. En effet, les rigueurs de ce voyage en hiver ont presque tué le vieux Franklin de 70 ans, un événement qui en toute probabilité aurait changé la face de lAmérique du Nord moderne encore plus que si le Québec sétait joint aux colonies américaines.
Bien que commandant ce qui était à lépoque larmée la plus puissante au monde, le Roi George III nest en définitive pas parvenu à rejeter sur le dos des colonies américaines les coûts grandissants de lEmpire britannique. Les circonstances s'avèrent peut-être complètement différentes aujourdhui, mais George III dAmérique ne tente-t-il pas un exploit similaire en essayant de financer le plus récent empire venu au monde sur le dos dun dollar papier illimité qui est une pâle image de la pièce espagnole dun dollar dont dérivent les deux contreparties américaine et canadienne.
Cet abus que le Général de Gaulle condamnait comme «un privilège exorbitant» est peut-être plus subtil et plus efficace que la simple conquête militaire, mais lempire qui en résulte nest pas plus sûr de durer. Personne ne peut prédire avec certitude exactement comment ou quand le dollar va tomber ou sera poussé du sommet de la montagne de papier. Mais quand ce jour arrivera, beaucoup de ce qui est maintenant considéré comme acquis sera remis en jeu, y compris la carte politique de lAmérique du Nord. Alors des pressions énormes seront imposées à la confédération canadienne, sur sa monnaie, sur son commerce et son économie, et sur ses peuples. En effet, pour préparer le Mexique, le plus grand producteur dargent au monde, à un tel événement, un des plus grands hommes daffaire mexicains a proposé de mettre en circulation une monnaie en argent (métal) frappée en onces en parallèle avec le peso. Voir la collection darticles à La Plata.
Ce qui a déjà été appelé «le Mille Carré en Or» forme aujourdhui le cur du district des affaires au centre ville de Montréal. En 1900, ses 25,000 résidents contrôlaient 70% de la richesse du Canada. Voir Insight Guide, Montreal & Quebec City, p. 157. Bien quen majorité anglophones, ils étaient aussi bilingues, participant dans la culture française de la ville beaucoup comme les barons de la fourrure lavaient fait un siècle auparavant.
Mais comme les vagues dimmigrants ont commencé à changer le visage de la ville, laristocratie anglaise sest déplacée vers Westmount, où avec le temps elle a en nombre grandissant manqué dapprendre le français et sest isolée de plus en plus de la population francophone. Une forte opposition des Québécois à la conscription dans les deux guerres a davantage approfondi le fossé entre les deux peuples fondateurs. Désintéressé de servir avec les forces canadiennes pour défendre lEmpire britannique, René Lévesque qui était bilingue a rejoint larmée des É.U. dans la Seconde Guerre Mondiale.
Durant les années 1970 et 1980, lagitation séparatiste et les nouvelles lois agressives sur la langue ont imposé un lourd fardeau à léconomie de Montréal. Plus de 100 compagnies, dont beaucoup des plus grandes et des mieux connues dans le pays, ont déménagé leur siège social suivant la Route des Loyalistes (Autoroute 401) à Toronto, qui remplace Montréal comme la plus grande ville et le principal centre daffaires au Canada. Mais la Révolution Tranquille a préparé les Québécois pour le défi de reconstruire léconomie métropolitaine, et avant longtemps des compagnies comme Bombardier, SNC-Lavalin et Québécor se sont développées pour rivaliser en importance avec bien de celles qui etaient parties.
De plus, même si un grand nombre de têtes carrées (anglophones unilingues) sont parti, une jeune génération danglophones bilingues a commencé à émerger et à défier les stéréotypes du vingtième siècle avec un comportement du dix-neuvième siècle. Ils sont difficiles à catégoriser comme groupe, mais ni les fédéralistes, ni les séparatistes ne peuvent se permettre de les prendre pour acquis avec les idées préconçues du passé. Voir, e.g., P. Scowen, Trahison tranquille (Les Intouchables, 1998) (revue par M. David, Le Soleil, 17 mars 1998). Également, la population francophone de Montréal est généralement bilingue, un témoignage non seulement du pouvoir de la télévision et de lInternet mais aussi du fait que langlais est devenu la lingua franca des échanges et du commerce, la raison dêtre de Montréal.
Lavenir du Canada comme un seul pays unifié nest pas assuré même si lapocalypse économique est évité. Des changements économiques beaucoup moins turbulents pourraient facilement exacerber les sérieux désaccords constitutionnels imbriqués dans la confédération de 1982. Le certificat de naissance de la nation pourrait dire Charlottetown, 1er juillet 1867, mais en vérité le Canada moderne est descendant du mariage forcé de deux peuples fondateurs (à lexclusion des autochtones) à Montréal un siècle plus tôt. Peu importe lavenir économique, la grande métropole est en toute vraisemblance la place ou la bataille décisive finale se tiendra pour décider de lavenir politique du Canada.
Alors le vieux mille carré en or contiendra un riche filon de votes, et si Dieu le veut, un vote libre va résoudre la question complexe que les armes sur la Place dAbraham nont pas pu résoudre, et que le rapatriement de la Constitution canadienne sans le consentement du Québec a inévitablement re-posée. Pour le meilleur ou pour le pire, le sort de lhistoire a jeté le Canada, le Québec et la France dans une bataille à trois qui a échappé aux meilleurs diplomates américains peu avant leur Déclaration dindépendance -- le droit vraiment de déclarer: Montréal, cest ma ville.
15. Le Nouveau Référendum [The Next Referendum] Parce que les campagnes référendaires antérieures ne se sont jamais vraiment terminées, la prochaine est déjà en cours même si cela nest pas complètement reconnu. Ironiquement, lAccord du Lac Meech a été défait par deux provinces qui ne faisaient pas partie de la confédération originale et qui éprouveraient la plus grande difficulté si le Canada se désintégrait. De lautre côté, le référendum du Québec en 1995 a jeté la lumière sur la question de savoir si «50% plus un» était une majorité suffisante au Québec pour soutenir sa séparation du Canada.
La Cour suprême du Canada a traité de cette question dans son avis consultatif émis en 1998, qui dit en bref que lAssemblée Nationale du Québec ne pourrait pas suivant la loi effectuer la sécession unilatérale du Québec sans premièrement sengager dans des «négociations fondées sur des principes» avec le gouvernement fédéral et les autres provinces, mais que «l'expression claire, par une majorité claire de Québécois, de leur volonté de ne plus faire partie du Canada» mettrait le gouvernement fédéral et les autres provinces dans lobligation non-dérogatoire de négocier laffaire de bonne foi avec Québec. Renvoi relatif à la sécession du Quebec (1998) 2 R.C.S. 217.
Limitant sa tâche à «clarifier le cadre juridique dans lequel des décisions politiques doivent être prises», la Cour a ajouté (aux pp. 294-295):
Les obligations que nous avons dégagées sont des obligations impératives en vertu de la Constitution du Canada. Toutefois, il reviendra aux acteurs politiques de déterminer en quoi consiste «une majorité claire en réponse à une question claire», suivant les circonstances dans lesquelles un futur referendum pourrait être tenu. De même, si un appui majoritaire était exprimé en faveur de la sécession du Québec, il incomberait aux acteurs politiques de déterminer le contenu des négociations et le processus à suivre. La conciliation des divers intérêts constitutionnels légitimes relève nécessairement du domaine politique plutôt que du domaine judiciaire, précisément parce que cette conciliation ne peut être réalisée que par le jeu des concessions réciproques qui caractérise les négociations politiques. Dans le mesure où les questions abordées au cours des négociations seraient politiques, les tribunaux, conscient du rôle qui leur revient dans le régime constitutionnel, n'auraient aucun rôle de surveillance à jouer.
Peu importe le résultat, le Canada ne peut être le Canada à moins que le centre tienne. LOntario et le Québec doivent continuer non seulement de coopérer mais aussi de chercher un nouveau compromis constitutionnel. De nouvelles stratégies sont nécessaires pour briser limpasse entre la population francophone obstinément opposée à lassimilation par les anglos et le reste du Canada qui ne veut pas ou qui est incapable de donner au Québec un espace constitutionnel quil juge nécessaire. À défaut dun accord constitutionnel, les séparatistes au Québec vont exiger plus que jamais une stratégie référendaire avec un potentiel de lemporter sur lîle de Montréal en répondant aux exigences économiques autant quaux préférences culturelles de ses citoyens.
Des programmes provinciaux de grammes dor coordonnés offrent à la communauté daffaires de Toronto, de Montréal et de Vancouver, et aux dirigeants politiques de lOntario, du Québec et de la Colombie Britannique, une opportunité de travailler ensemble sur un projet qui affecte une industrie dimportance considérable pour les trois provinces et qui préparerait mieux le Canada pour entrer dans un monde post-dollar. En effet, si le Ministère des Finances et la Banque du Canada repensent à leur position anti-or présente, le gouvernement fédéral peut aussi bien y participer. Plus grande la participation, plus grand le potentiel non seulement de renforcer les liens affaiblis entre les peuples fondateurs, mais aussi de créer des conditions favorables pour la reconstruction à venir du système monétaire du Canada fondé sur lor.
Mais si pour quelque raison que ce soit le centre ne tient pas et quune autre chance de réaliser un compromis constitutionnel séchappe, un programme provincial établi avec succès en grammes dor procurerait à un Québec indépendant une base solide sur laquelle il pourrait construire son propre système monétaire et accéder à un nouvel ordre monétaire international émergeant des cendres du dollar des É.U. Dans ce cas, les deux parties les plus improbables de la vision stratégique du Général de Gaulle seraient réalisées: la résurrection de la Nouvelle France et la restauration de lor comme numéraire monétaire international.